Une guerre des correspondances s’est ouvert entre le président de la communauté Bingi et mwami Francis Ndeze Ndizeye, chef de la collectivité chefferie de Bwisha. Malgré leur appartenance ethnique, les BABINGI sont considérés par mwami comme, une pseudo ethnie qui n’existe pas dans le territoire de Rutshuru. Et pourtant, l’histoire atteste que les Babingi constituent la population autochtone de ce territoire meurtrie par les guerres interethniques.
« Je saisis cette opportunité pour porter à votre connaissance et à ceux qui me lisent en copie qu’au Bwisha, il n’existe pas une communauté dite Bingi », réponse du chef de la chefferie de BWISHA, Mwami Ndeze NDIZEYE Francis interdisant ainsi le forum social des BABINGI qui s’est tenu malgré tout à Nyamilima (une agglomération se trouvant à plus de 100 kilomètres au nord de Goma dans le territoire de Rutshuru). C’était à l’occasion de la journée internationale des peuples autochtones, célébrée le 09 août de chaque année dans les enceintes de la paroisse catholique (CARACCIOLINI) de Nyamilima.
A son tour le président de la communauté Bingi, dans sa lettre du 10 août de la même année, avec comme objet : « consternation de la communauté BINGI », riposte en disant que, « C’est avec déception et larmes aux yeux que nous avons lu votre lettre N°423/317/B.6/2018, en réponse à notre invitation du 20 juillet 2018, malheureusement qui nous est parvenue, deux semaines après (le 09 08/2018), nous qualifiant de pseudo-communauté. Une expression qui ne nous ressemble en rien au regard de votre attribut.
Monsieur le chef de la chefferie, sans vouloir vous informer davantage ou vous adresser aux anciens, vous avez nié l’existence d’une communauté ethnique instituée par Dieu et dont les archives attestent bien l’historicité. Pour mémoire, la communauté BINGI à l’instar de BATWA (pygmées) a investi toute la partie frontalière Congolo-Ougandaise et la côte-est du Lac d’Édouard depuis le 14° siècle (1342) voire certains villages coutumiers de Busanza, Bukoma,…).
L’attitude du chef de la chefferie a été condamnée par les membres des autres ethnies comme cet enseignant d’université de la communauté hutu: « C’est déshonorant lorsqu’une autorité prend des propos selon lesquels, il ne reconnait pas sa propre population (communauté BINGI), et pourtant, c’est elle qui a accueilli toutes les autres communautés se trouvant dans le Rutshuru ».
Très choqué apparemment, cet universitaire, va loin en disant que, le mwami non seulement est encore nouveau, mais aussi trop jeune et peut être ne connait pas l’histoire du territoire de Rutshuru car revenant récemment de l’Europe où il est né et grandit.
Même à la paroisse, les prélats catholiques ont apprécié l’activité jusqu’à disponibiliser gratuitement la salle, pourtant fermée sur ordre de mwami. Un avocat au barreau de Goma indique que, si les Babingi avaient porté plainte contre le mwami, ce dernier pouvait rembourser toutes les dépenses engagées.
Mêmes des notabilités stupéfaites
Interrogé à ce sujet, Alphonse Kambale, le délégué du gouverneur à Nyamilima dit qu’il n’a jamais été consulté pour prendre la décision de l’interdiction d’une manifestation coutumière pourtant autorisée par l’autorité provinciale. Seulement, il n’a pas voulu créer un climat de mésentente entre lui et le chef coutumier c’est pourquoi, il n’a pas répondu à l’invitation de la communauté BINGI.
« Pourquoi une communauté doit imposer à une autre son appartenance ethnique », s’interroge-t-il. Le délégué du gouverneur pense tout de même qu’il n’avait pas trouvé du mal lorsqu’une communauté veut organiser un forum social, qui avait comme thème : la « contribution des BABINGI à la consolidation de la paix dans le groupement de BINZA et ses environs, chefferie de Bwisha en territoire de Rutshuru ».
C’est pourquoi lorsqu’il a été contacté par président de BABINGI, il a tout simplement dit qu’il n’était pas ni pour ni contre la décision de Mwami. Car constatant un vice de procédure de suspendre une activité qui avait déposé des invitations aux autorités de tous les niveaux encore deux semaines avant. D’ailleurs, la direction provinciale de l’ANR a dépêché un de ses agents pour assister aux déroulements de ces activités, même lui a été confus de cette attitude de l’autorité coutumière. Et la direction provinciale des migrations (DGM) avait autorisé aux BABINGI vivant dans les pays voisins de venir participer à cette manifestation.
Les cris d’alarme des Babingi
Sur place à Nyamilima, nous avons été surpris de trouver plus de 2000 personnes, parlant une même langue qui n’est ni le Kinyarwanda ni le Kinande, c’est le « Kibingi ». Ces derniers, dans leurs exhibitions traditionnelles, lancent des messages de : « l’unité, la cohabitation et la paix ». Mais également dans leurs façons de se saluer s’observe une nette différence. Les Nande se saluent « Kuthi kwe ou Kyamakya » pour dire comment ça va, ou bonjour. Pendant que les Hutus, les Tutsi trouvés sur place disent « amakuru », et les BABINGI parlent de « BWASESA/BWAKYERE, NIGAHE, MWASIBA », Pour eux de dire, le Kibingi est donc leur langue maternelle différemment des autres.
Un Mubingi vivant à Buganza, lui-même chef du village et autochtone regrette tout de même que, comment un chef de chefferie doit interdire à une communauté de célébrer sa journée culturelle, qui se faisait en marge de la « journée internationale des peuples autochtones ». Parmi les Babingi, Safari Baganda BUIRE, un homme gras avec une voix roque comme quelqu’un qui voulait pleurer se dit qu’il se sentait déjà malade car souffrant de l’hyper tension et n’a pas voulu trop parlé, mais regrette la cruauté de l’autorité coutumière surtout de la communauté qui l’entoure qui le prend aussi en otage et qui pense conquérir le monde par les armes.
Ce dernier interpelle les autorités à tous les niveaux que, le peuple BINGI vit dans un esclavagisme à Rutshuru car ce sont les autres communautés qui leur distribuent leur propre identité ethnique. Ce qui est une violation des droits de l’homme sans précédent.
Selon l’histoire
Les BABINGI se trouvent majoritairement dans le groupement BINZA, qui constitue leur noyau mère dans la chefferie de Bwisha. Selon l’histoire, ils sont dans cette partie de la province depuis 1342. Ce sont eux qui auraient accueilli et distribué la terre aux autres communautés. Pour Évariste Kambere Sekera, un Bingi de Sarambwe vivant à Goma, ce qui est regrettable, est que les gens qu’ils ont accueillis disent qu’ils ne les connaissent pas.
Pour lui, l’histoire atteste que les BABINGI ont trouvé sur ce territoire seul, le peuple pygmées, qui malheureusement, sont tous discriminés et écartés dans la gestion de la cité. Ils sont ainsi désolés pour les gens qui leur disent qu’ils n’existent pas. Les gens avec qui, ils ont contracté des mariages avec leurs sœurs.
Ils déclarent par ailleurs que, « nous sommes contre cette discrimination. Et ne voulons pas être insérés dans une autre communauté qui se prend pour plus forte car il n’y a pas une communauté qui est supérieure aux autres ».
Eric le Rouge
L’histoire est et restera taitue . On ne peut pas oser de parler de l’histoire ethnographique du Territoire de Rutshuru sans faire allusion aux Babingi. Les explorateurs , les esclavagistes Arabes, et les colonialistes Belges, Anglais et Allemands savent mieux en quoi les Babingi sont les premiers occupants bantous et les premiers anticolonialistes de la région inter lacustre de l’Afrique.