D’après l’enquête de CORACON/Nord-Kivu, les femmes s’expriment de moins en moins dans les médias !
Les statistiques cumulées de l’enquête démontrent que, «73% des sujets masculins se sont exprimés dans les programmes de médias traditionnels contre 27% des femmes seulement ; dans les médias numériques et plus précisément Facebook. Constant, le taux des femmes actives est encore plus bas et avoisine 9,3% ». Des recommandations pour combler cet écart ont été proposées dans la table ronde organisée par le Collectif des Radios Communautaires du Nord-Kivu, Coracon, en sigle.
Ces informations se trouvent clairement dans le tableau si dessous présenté :
Sujets enquêtés | Fréquence | Pourcentage |
Hommes | 6 260 | 73% |
Femmes | 2 335 | 27% |
Total | 8 595 | 100% |
Ces résultats ont été présentés dans une table ronde organisée à l’occasion de la Journée Internationale des droits de la femme où journalistes, acteurs de la société civile, membres de mouvements citoyens, femmes de partis politiques ., scientifiques et autres personnalités influentes ont discuté sur les rôles que doit jouer la femme dans la production du contenu médiatique.
Sous la modération féminine, Gisèle Bagheni demande à l’assistance de se présenter collectivement, selon la couche d’appartenance, puis elle présente à son tour les membres de l’organisme organisateur de cette séance (Coracon) ; tout en expliquant le pourquoi d’organiser ces assises, qui n’est autre que, « réfléchir comment la femme peut contribuer effectivement à la construction du contenu médiatique ».
Prenant la parole, Jacques Vagheni, Coordonnateur du Coracon commence son mot par honorer toutes les femmes, présentes, comme absentes car elles sont importantes dans la famille, dans la communauté, comme au pays.
Parce que selon lui, « les femmes jouent un rôle que les hommes ne peuvent pas jouer ». C’est pourquoi ajoute-t-il, « le vrai genre est de soutenir les actions de la femme, au côté des hommes. Les deux ne sont pas concurrents, mais ils doivent tisser une relation complémentaire dans tout ce qu’ils peuvent faire ».
Pour Jacques, voilà l’objectif de cette table ronde d’aujourd’hui où les hommes genrés sont au côté des femmes pour réfléchir comment elles peuvent contribuer dans la construction du contenu médiatique. « Car il est parfois beau de se partager les idées sur ce que doit faire la femme, en lieu et place d’exhiber de pagnes dans les défilés de mode », conclut-il.
Pourquoi la femme ne s’exprime pas dans les médias ?
Deux problèmes ont été soulevés pour comprendre les causes : « est-ce-que ce sont les journalistes qui ne vont pas vers les femmes ? Ou ce sont les femmes qui ne veulent pas seulement parler aux médias ? » A ces questions plusieurs raisons ont été évoquées par les participants dans cette table ronde qui avait heureusement prévu un panel de trois personnes représentant les différentes couches des participants.
Pour le Professeur Nyahutwe, Doyen de la Faculté des Sciences de l’Homme à l’Université de Goma, « la culture surtout pèse sur la qualité du travail de la femme à tous les niveaux. Dans la transmission du pouvoir coutumier (dans certaines églises), la femme n’est pas au rendez-vous. Dans le secteur foncier, l’héritage familial…la femme n’est même pas consultable », explique malheureusement ce Docteur en Sociologie de l’Université de Kisangani.
Certaines cultures exigent beaucoup aux femmes, « par exemple une femme n’a pas droit de donner son point de vue devant les hommes, celle qui le fait est considérée comme une sorcière », indique tristement Rozenn Kalafulo, journaliste femme et responsable de la rédaction à la radio Pole FM. Certaines femmes occupant d’ailleurs des postes de responsabilité esquivent les questions des journalistes en leur confiant à leurs collègues hommes raconte-t-elle tristement son expérience malheureuse.
Carine Sifa Lubanda, panéliste, artiste comédienne et opératrice culturelle déclare que, « Les femmes doivent se former pour acquérir les compétences nécessaires à partager avec les autres à travers les médias ». Cette jeune femme pense également que, « une femme non préparée n’est pas intéressante aux médias qui ont besoin des intervenants compétents pour respecter la dimension performative des médias. »
Signalons par ailleurs que, cette table ronde a été clôturée par plusieurs autres des recommandations telles que : « les femmes doivent considérer les médias traditionnels et numériques comme une opportunité d’apprentissage, et non un lieu de distraction, mais aussi, les responsables des médias doivent mettre en place une politique d’égalité professionnelle au sein de leurs entreprises médiatiques (…), dans le but de donner la chance à l’épanouissement de la femme surtout dans le monde médiatique. Afin de de correspondre au thème de la Journée Internationale des droits de la femme de 2023 qu’est : « la participation de la femme dans la construction du contenu des médias traditionnels et numériques ».
Cosmas Mungazi