Déjà dans la salle, ce questionnement divise les participants à deux panels. D’une part, les négativistes qui pensent que, « les jeunes ne sont pas écoutés par leurs autorités et ne sont pas associés dans la gestion de la « RES Publica ». D’autre part, ce sont les positivistes qui par contre estiment que, « la jeunesse est associée à tous les niveaux, sauf lorsqu’ils demandent, ils le font mal, demandent presque tous au même moment. Cette attitude endurcie les oreilles de leurs autorités, qui les écoutent difficilement », expliquent malgré lui, Jean Paul Lumbulumbu, président de l’Assemblée Provinciale, tête de l’affiche des positivistes dans ces assises.
Vu l’importance de cette thématique, le gouverneur militaire s’est fait représenter par sa conseillère en charge de la jeunesse, Prisca Loanda Kamala, qui a ouvert ces assises entre les jeunes et leurs autorités. Dans son mot d’ouverture, cette juriste de formation indique que, « La jeunesse étant la force de tout le pays, a un rôle crucial à jouer pour le retour de la paix dans la partie Est de la RDC.
Suite à cette situation, ajoute-t-elle, l’accompagnement inconditionnel des autorités à tous les niveaux est obligatoire car les jeunes constituent l’avenir et notre espoir d’aujourd’hui et de demain ». Pour cette dame, la plus occupée de l’actuel gouvernement militaire avec plus de portefeuilles, « les jeunes peuvent lutter contre la guerre par la voie de dialogue et l’éducation pour la paix ». C’est pourquoi elle encourage LaBenevolencija à organiser ce genre des activités pour rapprocher les jeunes et leurs autorités dans le but de renforcer la confiance entre ces deux parties.
A adresser dans les revendications
Pour l’Honorable Jean-Paul Lumbulumbu, « la jeunesse doit savoir à qui adresser ses recommandations. Demandez à un député de sécuriser des entités par exemple, c’est adresser une lettre à un inconnu », s’indigne-t-il. Pour lui, « la jeunesse doit savoir bien s’exprimer et choisir de bons canaux pour se faire entendre et faire entendre leurs préoccupations ». Pour les positivistes, « les jeunes demandent mal, lorsqu’ils demandent tout au même moment ». En plus, ils se comportent à des opposants avec des manifestations violentes enregistrant des casses des plusieurs édifices lorsqu’ils revendiquent pour quelque chose. Dans ce cas, les jeunes doivent apprendre comment faire les plaidoyers sans s’ériger en opposition violente contre leurs autorités.
Pour le Professeur Dady Saleh, représentant de ceux qui pensent que les autorités étatiques n’ont rien fait pour les jeunes, les négativistes, indique sous applaudissement de toute la salle que, « le bilan de rapprochement entre les jeunes et les autorités est presque nul, car les jeunes n’ayant pas le moyen sont associés difficilement dans les affaires et sont victimes de toute manipulation ».
Pour eux, l’État congolais a un problème structurel au niveau de son système organisationnel, « nous avons des autorités morales qui ne représentent pas le peuple mais qui sont au service de leurs pères spirituels (les colons paternalistes) », souligne le Professeur Dady Saleh, lors du collège Tours de Goma.
Des affrontements d’idées
Voulant répondre au point de vue selon lequel, les jeunes ne sont pas écoutés parce qu’ils ont une part de responsabilité, lorsqu’ils demandent mal, Professeur Dady Saleh rétorque en disant, « nous sommes dans un pays avec des cours d’eau partout en eau potable n’est pas assuré, un pays le moins électrifié de la région et parmi les pays le plus corrompu du monde… tous ces indicateurs montrent que, « notre administration est médiocre, dans ce cadre, que font nos autorités, à la place de se remplir les poches ? », se demande ce professeur caractérisé par un franc parlé , Dady Saleh.
Pour lui les autorités ne peuvent pas responsabiliser les jeunes, parce que les autorités veulent se laver les mains, oubliant pourquoi elles sont là. Quand nous choisissons nos élus, c’est parce qu’ils sont supposés représenter la population et connaitre leurs problèmes et les résoudre, comment expliquer encore que les jeunes fassent encore des ateliers de plaidoyer pendant qu’ils sont représentés par les élus, donc nous avons élu les nuls, ils ne connaissent pas nos problèmes », ajoute l’élite scientifique, Professeur DADI Saleh.
« On ne peut pas jeter toute l’opprobre aux autorités du pays, la responsabilité reste partagée », indique Guy KIBIRA, Chef de Division de la Jeunesse, alors président des jeunes pendant plus de 12 ans en Province du Nord-Kivu. A madame Claudine, ancienne porte-parole des étudiants de l’Université Catholique la Sapientia de Goma d’ajouter, « les jeunes sont aussi responsables lorsqu’ils recourent à la violence sous prétexte de résoudre d’une manière spontanée leurs problèmes ». D’ailleurs dans les milieux universitaires, les étudiants sont associés à toute prise de décision dans la gestion des universités, seulement ils doivent cesser d’être
manipulés.
A l’Université Libre des Pays des Grands Lacs, « ULPGL », les étudiants s’expriment et sont écoutés par leurs autorités académiques, renseigne la porte-parole adjointe de cette institution universitaire protestante, « nos autorités académiques nous associent à toute prise de décisions et quand nous donnons nos recommandations, certaines trouvent des réponses favorables, d’autres non ». Pour cette jeune leader estudiantine, certains jeunes pensent que pour s’exprimer et être écouté, il faut mener des actes de vandalisme ou de violence », et pourtant non.
Pour Serge Bisimwa, Coordonnateur de Grassroots de LaBenevolencija au Nord-Kivu, l’objectif de ces échanges est de positionner les jeunes comme acteurs de la paix dans cette région en proie de l’insécurité où la jeunesse est considérée comme victime ou bureau de toutes malversations des droits humains.
Il sied de signaler que ce collège tour a réuni les jeunes de Goma ( RDC) et Gisenyi (Rwanda) par vidéo conférence où ils se sont échangés de leurs expériences du rapprochement avec leurs autorités.
Adolphe Rafiki, stagiaire