Les barrières de Masisi sont justifiées !

Les barrières de Masisi sont justifiées !

La présence massive des groupes armés qui érigent des barrières illégales en percevant des taxes illicites et illégales… sont parmi les problèmes identifiés dans le Territoire de Masisi. Pour renforcer la qualité des services sécuritaires, un financement leur est accordé par le Programme ESPER, afin de faire face aux défis sécuritaires observés dans ce coin de la Province du Nord-Kivu.  

Quitter Goma pour le chef-lieu du territoire de Masisi (75 Km à son côté ouest), il faut traverser au moins 5 barrières des militaires et Wazalendu (forces d’autodéfense), comme c’est une zone opérationnelle. Curieusement, les motards, les véhicules des particuliers et les piétons se plaignent de payer un peu de sous avant toute traversée de ces barrières.   

Ces barrières sont de deux sortes, explique Mitondeke Télesphore, Président de la Société Civile du Territoire. « Il y a des barrières tracassières et illégales où les agents de sécurité exigent l’argent avant toute traversée. Mais aussi les barrières opérationnelles qui ont comme rôle de veiller sur la sécurité de ces entités et empêcher l’infiltration de l’ennemi ».

Car Masisi est parmi ces entités de la province où l’activisme des groupes armés est sérieusement observé et la situation peut changer à tout moment, ajoute l’Administrateur Adjoint du territoire lors du débat public de LaBenevolencija organisé à Masisi Centre portant sur l’importance du Financement Basé sur les Résultats, RBF approche du Programme ESPER dans la mise en œuvre du Plan d’Action Sécuritaire « PAS » dans cette entité administrative ETD.

Le Financement Basé sur les Résultats, le RBF consiste à acheter les services des autorités sécuritaires. Si l’autorité sécuritaire fait bien son travail il sera bien rémunérer, après évaluation des indicateurs, explique dans sa présentation, toujours pendant ce débat public Mapendo Masudi, membre du Réseau de plaidoyer et point focal du Programme ESPER à Masisi.

Des activités sécuritaires menées grâce au RBF  

Le 05 juillet 2023, le M23 a attaqué la localité de Nyamitaba, mais grâce à la collaboration entre la population et les militaires, heureusement ils ont été repoussés, car il se trouverait déjà à deux heures de marche commando de Masisi Centre, s’en félicite l’Administrateur Adjoint de Masisi, Matadi Zola Remy. Cette autorité policière encourage les fonds alloués par le Programme ESPER dans son approche RBF car ils constituent une motivation, un stimulus afin d’améliorer la qualité des services sécuritaires.

Cependant, ces frais de motivation du financement basé sur les résultats du Programme ESPER ne sont pas seulement donnés à l’administration du territoire, mais aussi aux militaires, à la police et aux autres services sécuritaires, qui ont tous été présents au débat public de LaBenevolencija, ce 06 juillet 2023 à Masisi Centre.

La société civile présente au débat public sur le RBF à Masisi Centre.

Presque toutes ces autorités, dans leurs déclarations ont reconnu l’importance du RBF qui les a permis de mener plusieurs activités sécuritaires dans leur territoire. C’est ainsi qu’ils ont mené des patrouilles dans tous les grands centres de Masisi, (Masisi Centre, Sake, Bueremana, Nyabiondo…), ils ont aussi fait des réunions élargies de sécurité parfois délocalisées dans les milieux un peu isolés, ils ont fait des visites sécuritaires dans des milieux éloignés, ils ont également supprimé certaines barrières illégales et tracassières, malgré le contexte de guerre dans ce milieu.

La mise en œuvre du PAS nécessite des moyens. Le Gouvernement donne une part et les organisations partenaires, CORDAID et VNG-International donnent une autre pour répondre aux problèmes liés à la sécurité dans le Masisi. Mais pour ne pas être juge et partie, l’AT demande en pleine émission débat aux participants de donner leurs points de vues en rapport au changement observé sur la gouvernance sécuritaire dans leur territoire.

Sans oublier que les problèmes identifiés et les défis sont encore énormes lorsque le pays est agressé par ses voisins qui multiplient des stratégies pour déstabiliser les efforts consentis à l’est de la RDC, rappelle l’AT dans cette émission débat. Les habitants de Masisi qui ont participé à ce débat public demandent l’organisation des consultations populaires pour recueillir leurs points de vues sur la façon dont elles sont gérées.

Les changements observés

Certains habitants se réjouissent de leur participation aux réunions élargies de sécurité parce que leurs points de vues exprimés ont été entendus. Car tout le monde a droit à la parole et cela a produit plusieurs résultats.

Par exemple, si les gens commencent à voyager aujourd’hui à Goma avec les anciennes cartes d’électeurs, c’est garce aux plaidoyers des structures communautaires, parce que après enrôlement à Goma, personne n’avait le droit de traverser une barrière avec une ancienne carte. Un autre changement observé c’est lorsque les autorités sécuritaires ont vite mis la fin à un conflit du pouvoir coutumier et foncier grâce à l’intervention rapide financée par le Programme ESPER dans le groupement Nyamaboko, toujours dans le territoire de Masisi.

Parmi les avancées, le concept sécuritaire autre fois considéré comme un tabou, aujourd’hui tout le monde veut savoir comment elle est gérée.  C’est grâce au Programme ESPER que cela est aujourd’hui observé avec son approche RBF qui achète la performance des services sécuritaires.  L’autre élément de changement c’est la promulgation de la loi qui autorise l’organisation des réunions élargies de sécurité dans les ETD ; c’est déjà un soubassement juridique obtenu grâce aux plaidoyers du Programme.

Ceux qui vivent Masisi Centre disent qu’ils font maintenant plus de six mois sans enregistré un seul cas de braquage, de banditisme ou de kidnapping dans leur milieu grâce aux interventions rapides des autorités sécuritaires. Tout simplement ces habitants demandent de capitaliser les acquis du Programme ESPER, même après son financement.

La transparence, un principe de la gestion du RBF

La motivation en liquide qu’on donne aux autorités sécuritaires ne passent pas directement dans leurs mains. Elle transite par la banque où les services qui se sont distingués dans la gouvernance sécuritaire selon les indicateurs déterminés vont à la recherche.

Pour vérifier la gestion de cet argent ESPER utilise des enquêtes sociales sur l’usage de ces fonds correspondant aux attentes du programme et besoins des populations. Il faut seulement élargir la communication pour que toute la population sache le RBF et les résultats auxquels le programme est arrivé.

Engagement de tous

Pour l’AT ils ne vont pas baisser les bras le souci est de mettre fin à tous les problèmes liés à la sécurité du territoire, mais les défis sont énormes surtout la prise en charge des militaires qui se jettent parfois dans la mendicité au niveau des points de contrôle.

le président de la jeunesse de Masisi donne ses recommandations.

Pour le Colonel Salomon Tokolonga, commandant de la 34ème 11 régiment de Masisi, présent au débat public, « la population doit dénoncer à temps pour espérer à une réponse aussi rapide.  C’est ce qui renforce la collaboration entre services et les populations civiles ».

Concernant les Wazalendu qui sont partout visibles, mais déjà un peu organisés et encadrés, l’AT dit que, « pour mettre fin au phenomène Wazalendu, il faut que les effectifs des militaires augmentent. Heureusement, ajoute-t-il, les jeunes qui étaient partis à Kitona en formation seront déployés dans les zones insécurisés dans un bref délai et ce phénomène va terminer de soi ».  

L’achat de performance est bon, mais les autorités doivent améliorer leurs services de justice en capitalisant les acquis du programme ESPER dans son approche RBF. Car la justice faisait un bon travail lorsqu’elle était financée.  « Une fois que le financement est fini les acteurs de la justice reviennent sur leur ancien système d’injustice et de la corruption en outrance », regrette le président de la jeunesse de Masisi.

Le président de la jeunesse estime que le RBF a son sens dans le territoire de Masisi, malgré le contexte très particulier de cette entité administrative du Nord-Kivu. Le gouvernement devrait apprendre de cette approche, RBF, mettre les moyens pour combattre les problèmes identifiés dans les différents territoires   surtout faire l’évaluation de toutes les actions menées sur le terrain.  Les partenaires doivent aussi penser à un plan de sortie de crise vers la fin du financement que le gouvernement pourrait s’en servir de modèle.  Car le RBF est une leçon de gouvernance sécuritaire dans le territoire de Masisi. Cette approche devrait être une leçon à suivre de notre gouvernement.

Rédigé par Laila Kayuya

Comments (0)
Add Comment