En République démocratique du Congo, Suite à la situation sécuritaire précaire, les journalistes travaillant dans les zones des conflits peinent à jouer pleinement leur rôle, celui « d’éclairer les opinions ». Ces derniers sont entre le marteau en l’enclume : soit ils mentent ou désinforment pour sauver leur peau, soit ils optent pour la vérité à leurs risques et périls. Cette publication, présente les inquiétudes de certains journalistes et envisage des conseils scientifiques pratiques sur les comportements que le journaliste doit prendre pendant une situation de guerre.
La ville de Goma, Chef-lieu de la Province du Nord-Kivu est passée officiellement sous contrôle du M23, le dimanche, 26 janvier 2025, quatre jours après la mort confuse du gouverneur militaire Peter Cirimwami et la fuite de l’autorité provinciale vers Bukavu au Sud-Kivu à bord d’un bateau des ETS Silimu. Jusqu’à la rédaction de cet article, certaines personnes, surtout celles vivant dans les villes de l’Ouest du pays, (Kinshasa, Kisangani, Matadi, Mbandaka et autres) continuent à dire à haute voix que, « Goma ne tombera pas, l’aéroport, le mot Goma, tous les lieux stratégiques de la ville sont encore entre les mains des FARDC… ».
Au lieu de dire la vérité, certains journalistes qui n’ont pas encore cru continuent d’appeler leurs proches se trouvant à Goma pour leur demander si réellement la ville se trouve entre les mains du M23/AFC de Corneille Nangaa ! Parfois ces journalistes ne sont pas dupes, pour leur sécurité, ils préfèrent mentir et faire parfois de la propagande à une partie en conflits en s’exposant à des risques dans l’avenir.
Malheureusement après la prise de Goma par les éléments du M23, une sixaine des journalistes se sentaient eux-mêmes en insécurité, parce qu’ils se passaient pour les communicateurs des FARDC, dans leurs reportages sur les lignes des fronts.
Heureusement dans leur première conférence de presse de Goma, les responsables du M23 ont rassuré les journalistes, même ceux qui faisaient la campagne médiatique des FARDC une sécurité sans faille, à condition de respecter les principes directeurs de leur profession.
Axiome journalistique violé
Ce principe stipule que, « Le journaliste n’a ni ami ni ennemi[1] », (Balzac, 2002) : les scientifiques dans ce domaine estiment que, « les journalistes qui se font des amis ou des ennemis s’attirent des ennuis, comme dans toute relation interpersonnelle, qui a de haut et de bas, jusqu’au sacrifice suprême pour certains ».
Société de la désinformation
Pendant la guerre curieusement, ce sont les fausses nouvelles, des rumeurs qui prennent de l’ampleur, en lieu et place de vraies informations, cela parce que les journalistes n’ont pas assez de temps de vérifier la vraie version des faits, mais aussi les sources crédibles ne sont pas assez disponibles de répondre à leurs questions suite à la situation en détresse.
A Kinshasa, le Président de l’Union Nationale de la Presse du Congo, UNPC/RDC a fait une sortie médiatique très diffusée dans tous les médias locaux, nationaux, voire internationaux travaillant dans la capitale, disant que, « le bureau et le centre de presse de l’UNPC/Nord-Kivu de Goma ont été vandalisés[2] ». Cette information est contraire à ce qui s’observe effectivement sur le terrain, c’est une désinformation qui peut avoir comme objectif de tromper ou manipuler la population, mais aussi accusé les éléments du M23 qui seraient selon l’auteur de cette publication à la base de cet acte et pourtant non vérifiable.
Une fois sur place, on trouve un bureau dans lequel un bon nombre de journalistes viennent traiter leurs informations après leurs différents terrains, même pendant ce temps. Tout simplement, une seule vitre a été cassée comme si c’était les voleurs, enfants de la rue qui ont voulu forcer la fenêtre vitrée pour accéder à l’intérieur, mais ils n’ont pas pu, dit un responsable de cet organisme fédérateur des journalistes congolais à Goma dans une correspondance téléphonique.
Dans une telle situation, les journalistes ont difficile de dire la vérité, ce qui pousse à certains de quitter la profession pour ne pas travailler pour la désinformation en trompant leurs publics. « Nous sommes vraiment tentés de changer de métier, car le nôtre de prédilection (journalisme) est peut-être en inadéquation avec le contexte régional actuel », s’indigne Faustin Dunia[3] Chançard, sur son compte Facebook, qui veut devenir un peu musicien.
Pour Augustin Mosange, Directeur de la Maison des jeunes de Goma de s’inquiéter en proposant la formation aux journalistes diffuseurs des désinformations, sur son compte Facebook disant en date du 04 février 2025 que, « à la fin de la guerre, les journalistes congolais surtout ceux de Kinshasa et de Goma auront besoin d’être formés sur la gestion de l’information en période de guerre[4]. »
A LEONA VAN GANSBERGHE, son correspondant de lui répondre, « Non mon fils la désinformation est une arme de guerre partout dans le monde, parfois on vous révèle la vérité après 50 ans. Parfois plutôt, tout dépend des intérêts des uns et des autres ».
Les effets du journalisme patriotique
Prosper Hamuli, internaute qui répondait au message d’Augustin dit que, « soyons reconnaissant à cette guerre d’avoir œuvré pour l’émergence du concept, « patriotisme en journalisme numérique », lequel journalisme consiste à diffuser des images et des sons rapportant la dure situation que traverse le peuple ».
Cependant, ce genre journalistique, « le journalisme patriotique » ne parle qu’en bien en faveur d’une partie en conflit, de cette manière, certains journalistes sont en difficulté de travailler une fois que la partie adverse investit un lieu, car ils sont souvent considérés comme des ennemis armés. Les responsables du M23 heureusement ont rassuré tous les journalistes, malgré leurs tendances en travaillant seulement dans le respect des règles déontologiques de leur profession car leurs portes restent ouvertes pour tous les journalistes qui auront des questions à leur poser, disait Corneille Nanga, le Codonateur de l’AFC/M23 dans la première conférence de presse tenue à Goma.
Quel type de journalisme pratiqué pendant ce temps ?
Le journalisme est un domaine exaltant ayant en amont et en aval des règles à respecter. Personnellement, comme enseignant de ce domaine, je le définis comme :
« Le journalisme = information = respect des principes = respect des contextes ».
Dans ce travail de collecte, traitement et diffusion d’informations, on peut tout à avoir (angles, sujets, sources, styles, plans…) ou tout respecter, (règles éthiques, déontologiques, techniques et de droit…) mais si l’élément qui définit le journalisme n’est pas bon, « le contexte », on donnera difficilement l’information. Ce dernier élément n’est pas unique mais diversifié, il peut donc être, : « politique, économique, social, juridique, technologique, environnemental, sécuritaire », et que sais-je encore. Les tous ont un lien étroit et dépendent obligatoirement du 1èr, « la politique », mais peuvent influencer le journalisme séparément.
C’est pourquoi, en dehors du respect du principe des 4 P en journalisme, (Cosmas Mungazi, 2018), qui consiste au respect de la (du) :
1ère obligation : dire la vérité ;
1erprincipe : la vérification des faits ;
1ère loyauté : envers les citoyens ;
1èr devoir : l’indépendance.
En toute responsabilité sociale, le journaliste a l’obligation de s’adapter au contexte dans lequel il preste car les psychologues disent, « les contingences sociales ont toujours primé sur la planification individuelle ».
Cosmas Mungazi
[1] Honoré Balzac, « les journalistes ». Monographie de la presse parisienne, édition de Boucher, 2002,
[2] Kamanda Wakamanda, Sortie Médiatique du Président de l’UNPC/RDC en février 2025, après le contrôle du M23 de la ville de Goma, Nord-Kivu, Est de la R.D. Congo
[3] Faustin Dunia Chançard, journaliste de paix, témoignage partagé sur son compte Facebook, il veut devenir un peu musicien.
[4] Mosange Augustin, Directeur de la Maison des Jeunes de Goma, témoignage partagé sur son compte Facebook, 04 février 2024, il souhaite une formation pour lutter contre la désinformation à Goma et à Kinshasa en R.D. Congo.