Après avoir parcouru la sphère médiatique de Goma, en province du Nord Kivu, elle est multiforme. Une bonne dizaine tant pour les médias audiovisuels, presse en ligne, qui prend de l’ampleur suite aux conditions faciles de publication que pour la presse écrite qui parait occasionnellement et tend à se convertir en presse en ligne sans aucune préparation, malheureusement.
Selon la petite expérience dans toutes ces catégories des médias, trois médicaments non miraculeux ni exhaustifs pour produire un journalisme de qualité, faisant la promotion de la démocratie et du développement de son milieu sont proposés dans cet article.Certains diront que, tout le monde peut devenir journaliste, selon la vielle loi sur les statuts du journaliste en République du Zaïre, loi de 1981[1].
Je vous dis non 1er médicament.
Car, pourquoi dites-vous de votre médecin de famille qu’il ait du talent ? Du conducteur de votre voiture exigez-vous qu’il ait du talent ? Il vous suffit et vous importe qu’ils maitrisent leur métier, qu’ils en connaissent toutes les facettes, qu’ils se soient bien préparés et entrainés à toute éventualité.
Donc, qu’ils soient tout simplement des professionnels du terrain, crédibles, et dignes de votre confiance. A l’instar des plusieurs catégories de presse, il est exigible de connaitre les principes directeurs (rédaction, présentation, techniques de collecte, d’interview et analyse journalistique). « Tous pour le faire, il faut du talent[2] ».
Du talent par surcroit.
Aux journalistes, on attendrait d’abord du talent ? Ce talent que tant d’entre nous revendiquent sans toujours l’illustrer, pour refuser de se former ou tout simplement de travailler.
Ce là, le vocabulaire de comédiens, bien en phase avec les préoccupations d’audience et de vedettariat de ces bateleurs de foire qui confondent : « information et spectacle, information et promotion, information et animation, actualité et fugacité (immédiateté), attraction et racolage, (mobilisation), importance et notoriété, (popularité », etc. Je confirme que, « le journalisme requiert des aptitudes, du savoir-faire ».
La capacité de transmettre un message à un public, de l’y intéresser. Il exige surtout du travail, car faute d’un contenu réel, solide, nouveau, avéré, vérifié et digéré dans l’information qu’il transmet au public, le journaliste n’est qu’un moulin à phrases, à paroles ou à images, n’est qu’un transmetteur éphémère d’une superficialité momentanément divertissante au sens perverse du terme.
Cependant, il est des journalistes qui font cela avec talent, qui font illusion, donc talent d’illusionnisme, illusion de l’information. La véritable information est une chose trop sérieuse pour être confiée aux aléas du talent. Le mot lui-même est un mot écran, visible par tous.
Plusieurs compétences 2èmemédicament[3]
Les journalistes confirmés le savent : faire court exige plus le travail que laisser courir sa plume sans retenue. Écrire simple sur un sujet difficile exige plus de compétences qu’écrire savant. La compétence est nécessaire, pour informer, pour tous les journalistes.
La fallacieuse opposition qu’on voudrait entretenir entre le journaliste-menteur-superficiel, et le blogueur citoyen-honnête et savant n’aide pas à faire progresser une relation saine entre des professionnels de l’information respectueux de leur public, modestes dans leur comportement et ambitieux dans leur travail.
La citoyenneté a besoin des journalistes professionnels exigeants, au moins tout autant des journalistes citoyens, amateurs pour l’essentiel attachés à faire valoir leurs opinions, respectables certes, mais relatives.
La formation, 3ème médicament[4]
Vive le journalisme participatif pour peu que, les responsabilités professionnelles soient assumées de façon professionnelle. Maitriser la musique, même si on a des dispositions, exige de faire ses gammes, d’acquérir et éprouver les fondamentaux.
Le talent donne sa peine à partir du travail nécessaire et consenti. L’objet de cette publication est de traverser, méthodiquement et sérieusement les éléments constitutifs du journalisme. Du journalisme écrit, car celui-ci reste « la mère du journalisme », car tous les principes ici exposés trouvent tout naturellement leur traduction audiovisuelle ou numérique. Cependant, le journalisme est un métier, un métier heureusement qui s’apprend, en travaillant. C’est pourquoi, il dit : « Cent fois sur le métier. Le talent vous sera donné par surcroit ».
Plusieurs questions, jaillissent [5]
Peut-on apprendre à écrire pour son lecteur ? Son auditeur ou son téléspectateur?, Est-ce qu’il y a des principes à suivre dont on doit maîtriser ?, La connaissance de ces principes influence-t-elle la compréhension de l’information?
Redisons une dernière fois que, les techniques sont faites pour être dépassées, transcendées, magnifiées, sublimées dans l’extase de l’écriture, de la production journalistique. Simplement, ce que le lecteur, l’auditeur ou téléspectateur aimerait bien participer un peu, à cette extase. Il faudra donc, que l’écrit prenne son sens en trouvant son lecteur et, ne le trouvera pas s’il reste inaccessible. Surtout avec l’émergence des médias des annonceurs et non des lecteurs, ni des auditeurs, moins encore des téléspectateurs à Goma. Et pourtant principe obligatoire de l’écriture informative ou communicationnelle.
Les tous meilleurs d’entre les journalistes, savent qu’ils doivent à la maîtrise préalable de ces procédés leur liberté actuelle d’invention journalistique, pas de virtuose sans gommes. « Que le style de chacun trouve les lecteurs, les auditeurs, ou les téléspectateurs qu’il mérite ».
Cosmas Mungazi Kakola
[1] La loi sur les Statuts des journalistes Zaïrois, 1981, Kinshasa, Zaïre.
[2] Talent premier médicament non miracle
[3] Compétences comme deuxième médicament non miraculeux
[4] Formation comme troisième médicament non miraculeux
[5]Loïc Hervouet, Ancien président et Ancien Directeur de l’École Supérieure de journalisme de l’ILE, cité par Yves Agnès, dans Manuel de Journalisme, écrire pour le Journal, Nouvelle Édition, Découverte, 9bis Rue Abel –Hovel acque 75013, Paris 2008.