Des journalistes congolais s’engagent à lutter contre l’épidémie du tabagisme !

Des journalistes congolais s’engagent à lutter contre l’épidémie du tabagisme !

Dans une visio-conférence, vingt (20) journalistes en provenance des villes de Goma (Nord-Kivu), Bukavu (Sud-Kivu) et Kinshasa, (la capitale de la République démocratique du Congo), de tous médias confondus ont été formés, le mercredi 23 Avril 2025 sur la « lutte antitabac, la recherche des données fiables, afin de les rendre accessibles au grand public ». 

Pour rendre effective la lutte contre le tabagisme, ces données exactes fournies, peuvent servir des barrières à la chaine industrielle du tabac, mais aussi interpeller le pouvoir public à la prise de bonnes décisions afin d’atténuer les risques de cette pratique excessive.

Dans son mot d’ouverture de la formation, Philip Jakpor, Directeur Exécutif de Revelyn Developement Initiative « RDI », l’organisation organisatrice explique l’essentiel du rôle d’informer le public dans le cadre de la surveillance, mais aussi de susciter le discours constructif qui traduira en bien les réponses et les actions politiques dans la lutte anti-tabac. Le caractère indispensable des médias dans la lutte anti tabac est illustré par les sommes que l’industrie du tabac dépense chaque année pour commercialiser ses produits par le biais des médias.

Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) a récemment révélé qu’aux États-Unis par exemple, le montant dépensé par l’industrie du tabac pour la visibilité, notamment la publicité et la promotion des cigarettes, est passé de 7,84 milliards de dollars en 2020 à 8,06 milliards de dollars en 2021. En 2022, il était de 8,3 milliards de dollars. Les fabricants de tabac ont également été liés à des influenceurs sur les réseaux sociaux qui font la promotion secrète des produits du tabac, à Travers des campagnes publicitaires subtiles.

Les effets du tabagisme sur la santé publique !

En République démocratique du Congo (RDC), comme dans d’autres pays du continent, le tabagisme constitut un problème majeur de santé publique, avec un impact significatif sur la morbidité et la mortalité dues aux maladies non transmissibles (MNT). Le commerce illicite des produits du tabac est un problème majeur, et le contrôle et la régulation du marché parallèle sont difficiles. Le tabagisme reste une épidémie très dangereuse, touchant bon nombre de gens dans le monde.

Le tabagisme est responsable de milliers de morts et de personnes malades. Certaines des victimes de cette épidémie sont de non-fumeurs et la plupart des victimes, sont des fumeurs responsables. « L’épidémie de tabagisme constitut un problème majeur de la santé publique dans le monde entier. Elle est liée à la morbidité et la mortalité d’assez de personnes, aussi à plusieurs maladies non transmissibles », explique dans sa présentation, le Professeur Patrick SHAMBA de Kinshasa qui est également conseiller technique du programme « TCDI », œuvrant au sein du « Developement Gateway », une organisation qui combat aussi le tabagisme dans le monde et en RDC en particulier.

Parlant de son organisation, le Professeur Patrick a présenté aux journalistes le tableau de bord qui est accessible à toutes les couches, surtout à l’administration publique pour la prise de bonnes décisions. C’est pourquoi, ajoute-t-il,  pour conclure, « le tableau de bord conçu sert aussi à collecter les données sur le tabagisme et les actualiser en temps réel, pour faciliter l’accès des données à tout le monde en besoins. »

Le tabagisme dans les conflits armés !   

A travers le monde, les conflits sont des vecteurs favoris d’accroissement du marché des industries de tabac. Dans les zones en conflits armés, les populations se retrouvent dans un état de vulnérabilité extrême. Les industries de tabac profitent de cette vulnérabilité, afin de « produire en quantité et vendre le tabac avec toutes ses dérivées à moindre coût », pour rendre même accessible à ceux qui n’ont pas assez de moyens.

Dans ce contexte, en Afrique comme partout ailleurs, les zones en périodes de crise, constituent directement un terrain favorable à l’industrie de tabac. Le terrain de faiblesse de règlementation et en conflits, favorise l’expansion du marché des industries du tabac. Pour Oluchi Joy Robert, experte Britannique en lutte antitabac, « en RDC, l’industrie du tabac est accusée de profiter de situations précaires, notamment les conflits, pour vendre et promouvoir la pratique. Ces industries ciblent des communautés à faible revenu et les jeunes », précise l’experte Anglaise.

Curieusement, regrette-t-elle, certains gouvernements au monde pendant la guerre font des partenariats avec des fabricants de tabac pour inclure les produits de cette plante dans les rations des soldats.  « En 2024, les gouvernements Britannique et Ukrainien ont convenu de fournir des cigarettes, des sachets de nicotines et des cigarettes électroniques aux soldats ukrainiens venus s’entrainer en outre-Manche. Ces produits ont été offerts par une entreprise internationale de tabac anonyme et distribués aux soldats dans le cadre des rations », déplore l’ampleur de l’Industrie du Tabac, madame Oluchi Joy Robert.

Ce qui complique la règlementation du tabac est le fait que, dans certains gouvernements, en RDC par exemple, des personnes hauts gradées, qui sont censées faire exécuter les lois, sympathisent malheureusement avec les usines de tabac, et s’opposent mordicus au respect de lois régissant l’industrie du tabac, juste pour des intérêts économiques personnels.

La 1ère victime, la jeunesse africaine !

La principale cible du tabagisme c’est la jeunesse, surtout que l’Afrique est un continent qui compte une population plus jeune. Dans ce continent, l’épidémie du tabagisme est aussi favorisée par la concentration des populations en seul lieu et l’imitation culturelle.

Selon un autre formateur venu du Kenya, Achieng Otieno, fondateur de « Being Africa », « la prévalence du tabagisme chez les jeunes africains est influencée également par l’urbanisation et importation de la culture occidentale. »  C’est pourquoi dit-il dans sa présentation, « le taux élevé de consommation du tabac et ses dérivées, représente un fardeau lourd pour les systèmes de santé en Afrique ».

L’Afrique, encore un terrain fertile du tabagisme !  

Suite à la chute du marché du tabac dans les pays occidentaux, l’Afrique avec sa démographie croissante, reste le seul marché privilégié par les industries du tabac. Face à la baisse des ventes en occident, les fabricants du tabac se concentrent de plus en plus sur le marché Africain où sévissent aussi plusieurs conflits armés. Et, surtout usent de la vulnérabilité et de l’ignorance des comportements à prendre face à cette épidémie des populations africaines.

Cependant, la lutte contre le tabagisme n’est pas individuelle, mais collective. C’est pourquoi les facilitateurs de cette formation ont recommander aux participants de privilégier le travail en équipe, la collaboration entre les acteurs : « le gouvernement, la société civile et les médiats », afin de définir des mesures efficaces de lutte anti-tabac.

C’est pourquoi, dans sa présentation le camerounais, Caleb AYONG, fondateur de l’organisation « Vital voices for Africa » et ancien journaliste appelle les journalistes participants à cette formation d’utiliser des données évidentes, de sources sûres, en montrant l’ampleur de la dangerosité du tabac. En intégrant les vraies données dans la lutte anti-tabac, ces professionnels de l’information pourront présenter des sujets très attrayants, des sujets suscitant l’intérêt de leurs publics dont les autorités qui pourront prendre de bonnes décisions pour la lutte.

Les médias peuvent aussi dénoncer les industries du tabac, en décourageant la jeunesse de consommer le tabac et toutes ses dérivées. Car il revient aux dirigeants, les responsabilités d’élaborer et de mettre en place une politique afin de règlementer ce secteur, surtout prévoir des mesures de sanction pour les récalcitrants a conclu Caleb AYONG.

Il sied de rappeler que, cette formation a été organisée par Renevlyn Development Initiative (RDI), une organisation Nigériane avec le soutien du “Development Gateway” et l’Initiative pour les Données sur la Lutte Antitabac (TCDI). Avec des facilitateurs internationaux venus du Cameroun, Togo, Kenya, de la Grande Bretagne et de la République démocratique du Congo.  

Adolphe Kabano  et Cosmas Mungazi

Comments (0)
Add Comment