Dans un forum environnemental organisé dans le deuxième semestre de 2020 par la Fédération des Organisations Paysannes des Agriculteurs du Congo, « FOPAC en sigle) à Goma, Chef-lieu de la Province du Nord-Kivu située à l’Est de la République Démocratique du Congo que Delphin Shirambere découvre les produits bio-fertilisant et bio-pesticides, précisément à Kibumba, un village situé à une dizaine des kilometres côté nord de Goma.
Shirambere Delphin est un agriculteur, membre d’une coopérative agricole locale (la COAKA) travaillant dans le bassin de production de Kaerenezo au Nord-Kivu. Dans cet article il explique pourquoi il a choisi les produits bios pour la production de la pomme de terre et comment les utiliser.
Dans la salle des échanges, les participants sont divisés en trois groupes pour faciliter la compréhension des concepts et pratiques de ces produits. C’est ainsi qu’il sera charmé jusqu’à y revenir pour apprendre encore plus.
Il s’est heureusement souvenu des pratiques traditionnelles autre fois utilisées en disant, « Il y a beaucoup d’années, nous avons toujours des pratiques traditionnelles mais nous avions pensé qu’elles ne pouvaient pas être rentables. Nous nous sommes tournés vers des produits chimiques très coûteux pour des simples agriculteurs », avoue Delphin qui cite à la volée certains produits couramment utilisés tels que la bouse et l’urine de vache, titonia, datura, les cendres de cuisine, etc.
Il sied de signaler que ce Forum Environnemental organisé par la FOPAC/NK a été appuyé techniquement par l’Alliance AgriCongo en 2020 à Goma.
Les engrais chimiques très coûteux et moins accessibles
« Dans une saison, nous dépensons au moins 500$ pour nous procurer des produits phytosanitaires au marché de Goma », déplore Shirambere parce que les agriculteurs n’arrivent pas à Goma se trouvant à l’Est du bassin de production de Kaerenezo.
Selon cet agriculteur, ces pics de dépenses sur les produits phytosanitaires arrivent surtout pendant les saisons très ensoleillées où les agriculteurs doivent beaucoup pulvériser leurs champs. « Quand il pleut beaucoup, nous sommes obligés de pulvériser 2 à 3 fois par semaine. Et quand la saison est très ensoleillée, il faut utiliser beaucoup de pesticides. C’est 2 cuillères de café pour un bidon de 20 litres de solution », explique monsieur Delphin.
Les pesticides produits pour les membres des coopératives
La production des bio-fertilisants et pesticides est faite par les membres de la coopérative qui en sont aussi les premiers bénéficiaires.
« C’est la coopérative qui produit les bio-fertilisant et bio-pesticide pour le vendre aux membres à 0,5$ une mesure de 5l », témoigne Delphin qui dirige la production de la solution au sein de la COAKA, sa Coopérative agricole. Selon lui, la production d’une solution de 140l dure un mois mais tous les ingrédients sont disponibles près de champs et des habitations.
Le coût total de ces produits revient à 32$. Comparativement aux produits chimiques importés, c’est 468$ économisés pour d’autres charges. D’ailleurs, les agriculteurs de ce bassin de production ont déjà opté pour ces produits de la COAKA.
Shirambera et certains autres membres de la coopérative ont débuté des séances de sensibilisation pour l’appropriation de ce savoir dit « paysan ». Il révèle également que, « sur un champ de pomme de terre de 1hectare fertilisé par le bio-fertilisant et le bio-pesticide, nous produisons 16 à 24 tonnes pour les pommes de terre de gros calibre. L’unique obstacle que nous continuons à rencontrer est la rareté de semences de qualité ». Ainsi, ils espèrent atteindre de bonnes performances avec les bio-fertilisant et pesticide si les semences de qualité étaient disponibles dans leur bassin de production.
Comment préparer la solution bio-fertilisante ?
Pour préparer la solution bio-fertilisante de 140l, il faut avoir :
- 7kg de feuilles de Titonia coupés en morceaux ;
- 3kg de feuilles de Kisura (Kachoma en swahili courant) coupés en morceaux ;
- 3kg de feuilles de Rwiziringa (trente-six oiseaux) coupés en morceaux;
- 5kg de feuilles de Kibaba nzovu coupés en morceaux ;
- 2kg de cendres de cuisine ;
- 2kg de bouse de vache ;
Et le tout dans 7 bidons de 20litres d’eau qu’on doit mettre dans un décalot enfuit dans un sac de 100kg. Ensuite, il faut fermer hermétiquement le sac pour éviter l’entrer de corps étrangers. Il faut attendre ensuite trois jours pour commencer malaxer la solution. Il faut que le bâton qui aide à malaxer ne soit pas pointu.
Ensuite, il faudra attendre sept jours pour ajouter 5l d’urine de vache dans la solution. Cette urine doit avoir été conservée durant 30jours pour enlever l’acide qui la contient. Il faudra continuer de tourner la solution deux fois la semaine jusqu’au trentième jour de la solution. Cette dernière qui est considérée comme « solution-mère » parce que c’est elle qu’on vend aux membres de la coopérative et les autres agriculteurs.
Il faut noter que cette solution est une bonne alternative pour le NPK, Urée, …
Comment utiliser la solution bio-fertilisante ?
1litre de solution mère suffit pour 20litres d’eau afin de pulvériser le champ. Il faut bien respecter la préparation pour ne pas brûler vos cultures.
Comment prépare-t-on le bio-pesticide ?
Pour préparer le bio-pesticide, il faut :
- 5ogr de savon Kifebe ;
- 50gr de feuilles de Kinukanuka ;
- 50gr d’ails ;
- 50ml d’huile ricin ;
Ensuite, il faut découper le savon Kifebe et les feuilles de Kinukanuka. Il faut aussi pilonner l’ail pour mélanger le tout dans un récipient contenant 20l d’eau. Ensuite, le mélange doit bouillir jusqu’à 100degrés Celsius. Il faut, ensuite, refroidir la solution pour la tamiser. Et à la fin, vous conserver la solution dans un bidon de 20l.
Cette solution remplace valablement le Dudu, Tioda, etc.
Comment utiliser le bio-pesticide ?
Il faut prendre 1litre de solution-mère de bio-pesticide à mélanger dans un bidon d’eau de 20l. Ensuite, il faudra pulvériser votre champ une fois la semaine pour 5semaines après 30jours de semis.
Prosper Munda