La consommation des aliments thérapeutiques non prescrits exposent aux maladies métaboliques !
Depuis les pillages de janvier dernier de Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu) en février 2025, un phénomène inquiétant se répand dans les rues de Goma, la consommation massive d’aliments thérapeutiques, curieusement par des personnes en bonne santé.
Ces produits, initialement destinés à traiter la malnutrition chez les enfants surtout, se retrouvent désormais en vente libre dans les boutiques et marchés de la ville pour la consommation par des personnes n’ayant aucun problème de la malnutrition.
Le nutritionniste Nicolas Kaniki met en garde tous les consommateurs, « ces aliments, comme le « Lotoba », (arachides concentrées, Ndlr) ne sont pas conçus pour des individus en bonne santé. Sa consommation excessive surcharge le corps et engendre des complications métaboliques telles que des problèmes digestifs, la diarrhée, des déséquilibres qui affectent le cœur, le foie ou encore les reins. » Pour ce professionnel de santé, « les conséquences incluent également l’obésité ou même le diabète, des maux graves qui pourraient être évités par une meilleure sensibilisation collective ».
Dans les centres de santé de Kisharo et Katwiguru, dans le territoire de Rutshuru se trouvant un peu plus au nord de Goma, sous occupation du M23/AFC, la situation est critique. Ces établissements sanitaires sont submergés par les cas de malnutrition sévère, qui manquent cruellement d’intrants nutritionnels comme les « F75 et F100 ». C’est ainsi que, les enfants malnutris sont transférés, parfois à plus de 10 kilomètres, faute de moyens pour leur prise en charge.
Une crise nutritionnelle nécessitant la participation de tous
Egide Kiyinga, médecin au centre de santé de Kateguru, souligne : « Depuis l’arrêt du soutien de la Croix Rouge en janvier, la situation s’aggrave. Nous manquons des ressources nécessaires pour traiter les enfants malnutris. » Ce professionnel de santé appelle à une prise de conscience collective pour limiter la consommation abusive de ces aliments thérapeutiques et concentrer les ressources sur les personnes qui en ont vraiment besoin.
Pour prévenir une crise sanitaire plus large, les autorités sont obligées de récupérer les aliments mal utilisés pour les réorienter vers les centres de santé. Une campagne de sensibilisation auprès des parents et des vendeurs est impérative pour souligner les dangers de l’usage détourné de ces produits, explique à distance un acteur de la societé civile qui avait fui l’entrée du M23 en ville de Goma.
Goma et ses environs asphyxiés
Alors que les centres de santé de référence peinent à faire face à l’afflux des déplacés qui ont été forcés de retourner dans leurs milieux d’origines, les besoins sont croissants en matière de nutrition de leurs enfants, l’urgence d’un retour au cadre normal est une nécessité, explique cet acteur de la vie sociale de la province en fuite. Les ressources destinées à sauver des vies ne doivent pas devenir un poison lent pour une population en quête de leur sécurité physique et alimentaire aussi.
Signalons que, ce papier d’information est une alerte que lancent les professionnels de santé, un cri qui doit résonner bien au-delà de Goma. Parce que la santé publique ne peut être le prix à payer pour un manque d’encadrement et de sensibilisation.
Cosmas Mungazi