Vers la fin des mouvements citoyens à Goma!
A Goma, au Chef-lieu de la Province du Nord-Kivu, comme partout ailleurs en RDC, presque tous les leaders des mouvements citoyens sont candidats à la législature de décembre 2023. La crainte est de vivre dans une communauté sans groupe de pression qui constituait pourtant un contre pouvoir aux abus des autorités à tous les niveaux.
Pour la seule la ville de Goma, 10 candidats, tous grands speakers des mouvements citoyens rêvent conquerrir le pouvoir à travers les élections. Les plus connus en ville de Goma sont en autres : “Ricky Paluku , Jamal Useni , Jacques Sinzahera, Espoir Ngalukiye, Ghislain Muhiwa… qui entrent en campagne électorale dès ce 19 novembre 2023; certains sont pour l’opposition, d’autres pour la majorité présidentielle. Ces membres des mouvements citoyens, comme groupe de pression constituaient déjà des éléments importants et catalyseurs des actions pro-démocratie sur toute l’étendue du territoire Congolais.
D’ailleurs, Guy Kibira Ndoole, alors président des jeunes et l’actuel Chef de Division de la Jeunesse du Nord-Kivu se souvient des actions combien louables des mouvements citoyens qui ont contribué au changement de l’ancien régime qui s’observe aujourd’hui. “Si Joseph Kabila a accepté de quitter le pouvoir; c’est aussi grâce aux actions des mouvements citoyens à travers le pays”, explique-t-il après une réunion du PNUD au centre ville de Goma.
Pourquoi les membres influents des mouvements citoyens basculent tous dans la vie politique?
Josué Walay Akuzwe, un membre influent de la “LUCHA”, (lutte pour le changement) se justifie: “lorsqu’on est activiste, bien qu’on soit à coté des populations pour écouter leurs problèmes; mais lorsqu’on amène ces plaintes aux autorités, parfois ça fait mal pour certaines. Il y a de la naïveté pour certains hommes politiques qui n’acceptent même pas de nous recevoir ou consulter nos lettres de plaidoyers qui sont souvent jetées dans les poubelles. Voilà pourquoi nous nous décidons d’être physiquement dans la politique, au lieu de continuer à suivre ceux qui ruinent notre pays”.
Heureusement pour ce fervent activiste des mouvements citoyens, «une fois au pouvoir, les membres des mouvements citoyens vont agir comme dans le mouvement citoyen, en accordant beaucoup plus de l’importance aux problèmes des populations”. De cette manière, ça sera une nouveauté, une valeur ajoutée que va amener les mouvements citoyens dans la gestion politique du pays qui n’a que des dirigeants qui privilégient leurs intérêts personnels que celui de la nation.
Voilà leur grand blocage dit le Professeur Dady Saleh, analyste politique, “beaucoup de jeunes des mouvements citoyens qui se sont jetés dans la vie politique sans préparation auront des difficultés pour s’adapter à la vie politique. Car, pendant que, les amis des mouvements citoyens développent un esprit de liberté, d’engagement et de révolution; dans les partis politiques c’est une seule personne qui décide sur son fonctionnement.”
Nostalgie de la mission des mouvements citoyens
Heureusement avant même d’aller en politique, les mouvements citoyens avaient déjà de l’estime du sentiment patriotique de la population, ce qui les pousserait de se jeter tous dans la course au pouvoir, croyant qu’ils joueront le même rôle.
Pour Me Didier BALUME, Avocat au Barreau de Goma, les mouvements citoyens jouent le rôle de rappeler aux autorités, les décideurs leurs responsabilités officiellement reconnues par la loi.
Ces mouvements constituaient déjà un contre pouvoir avec l’obligation de rappeler aux différentes autorités, (ministres, députés, gouverneurs, voire toutes les institutions publiques); ce qu’elles doivent effectivement faire comme tâche. De cette manière, le groupe de pression dénonce le dérapage des autorités dans l’exécution de leurs fonctions d’administrer la chose publique. A Goma, “ces groupes de pression ont ramené certaines autorités au droit chemin, chaque fois qu’elles s’en écartaient”, indique-t-il.
Goma , une ville en proie de l’insécurité, les citoyens se livrent facilement aux responsables des mouvements citoyens pour dénoncer les différentes exactions, au lieu de les dire à la Police qui est parfois complice, raconte tristement AKILIMALI YUSUFU Benjamin, habitant. C’est ainsi que, les retombées positives de l’activisme des mouvements citoyens sont de plusieurs ordres: les concitoyens se sentent sécurisés lorsqu’ils dénoncent l’injustice sous toutes ses formes, l’organisation des marches pacifiques ou marches en colère…ont porté des fruits énormes dans le développement de la ville de Goma.
Difficultés de s’adapter à la politique
La crainte pour la population de Goma aux délégués des mouvements citoyens, une fois au pouvoir, qu’ils puissent garder leur ligne de conduite de départ, celle de défendre les intérêts de la population. Car avec le temps, ils deviendront corrompus comme plusieurs autres politiciens véreux, qui ont bien commencé; mais une fois au pouvoir, ils trampent leurs mains dans la corruption. Parce que l’eau prend la couleur du vase, eux aussi risquent de sombrer dans ces antivaleurs.
Pour le Professeur Dady SALEH, “dans une démocratie, les mouvements citoyens jouent un rôle important, parce qu’ils mènent des actions que des particuliers individuellement ne peuvent pas faire. A Goma, les mouvements citoyens ont essayé de réclamer, de faire un peu de pressions pour obtenir un résultat à un besoin qui n’a pas été suivi ou répondu par l’autorité”. Dans le secteur de l’eau, de la sécurité et plusieurs autres, par exemple.
Les leaders des mouvements citoyens peuvent ainsi profiter de l’impopularité des hommes politiques qui sont mal vus par bon nombre de gens, qui les considèrent, comme auteurs de tous les maux dont sont victimes les populations congolaises. Comme révolutionnaires, les membres des mouvements citoyens auront des difficultés de s’adapter à la vie politique à moins qu’ils acceptent de vivre dans une hypocrisie politique, ce qui va risquer de les décourager et de n’est pas être efficaces, prévient le Professeur Dady Saleh.
En cas de victoire de ces leaders doivent démissionné totalement et de ne plus se confondre à ces groupes de pression. Sauf si ces groupes de pressions sont devenus e le partis politiques.
Ils sont partis en ordre dispersé
Les mouvements citoyens ont montré leur capacité de résilience, leur capacité d’apprentissage, ce qu’ils devraient capitaliser. Ils constituaient déjà une force pour inciter le changement dans la gestion du pays. Parce qu’ils ont imposé leur façon de faire, ce qu’ils devraient amener dans les partis politiques. Mais malheureusement, au lieu de se constituer en une force politique, les leaders des mouvements citoyens ont envoyé plusieurs candidats qui sont partis en ordre dispersé. Souvent chaque candidat est parti de lui-même, ne représentant pas même les mouvements citoyens. Une fois échoués, ils vont tous rentrer dans les mouvements citoyens où ils œuvreront pas comme groupe de pression, mais comme opposants déchus.
Laila Kayuya Mariam, stagiaire