Bien qu’ancien déjà dans d’autres cieux, le système éducatif « LMD » sera effectivement en application dans les universités congolaises pour cette année académique (2021-2022). Le « LMD », qui signifie, Licence, Master et Doctorat est un système éducatif avec trois cycles dont un professionnel (la licence) et deux sont de recherche (master et doctorat).
Avant son application dans les établissements supérieurs et universitaires de Goma entre le 03 au 07 janvier 2022, tous les enseignants : « assistants, chefs de travaux et professeurs » ont été sur le banc de l’école pour apprendre comment ce système fonctionne. Cette formation a été réalisée sous le contrôle du président de la conférence des chefs des établissements supérieurs et universitaires au Nord-Kivu, le Professeur Muhindo Mughanda. Comme l’offre était trop demandée, le Professeur Mughanda, Recteur de l’Université de Goma a mis en place plusieurs sites pour permettre un apprentissage facile de ce nouveau système éducatif au pays.
Dans chaque site une bonne sizaine, des formateurs des différents domaines ont échangé avec leurs apprenants, les enseignants des universitaires de Goma. Pour les formateurs, le système « LMD » peut se résumer à la maitrise des trois concepts suivants : « enseigner autrement, évaluer autrement pour permettre aux étudiants, d’étudier autrement ». Ces trois concepts insistent sur l’approche méthodologique, qui permet à l’étudiant de découvrir ses compétences pour son avenir professionnel. Donc, tout doit être centré sur lui.
Que signifie enseigner autrement ?
Le « LMD » avec ses trois cycles ; deux sont de recherche, les étudiants sont appelés de présenter leurs mémoires de Master et doctorat ; mais pour la licence, le cycle professionnel, les étudiants doivent présenter leur rapport de stage professionnel. Le niveau de base ou le 1èr cycle devient la licence où l’étudiant doit faire plus de pratiques liées à sa profession, mais ces stages seront sanctionnés par un rapport avant de lui remettre son diplôme de licence.
Contrairement à l’ancien système, le diplôme de licence est remis à l’étudiant qui aurait fait 3 ans au lieu de 5 ans comme dans l’ancien système. Donc le 3ème graduat tombe caduc dans le système LMD.
Pour les deux derniers cycles dits de recherche sont réservés aux volontaires qui voudront approfondir leurs connaissances pour donner cours à l’université par exemple ou pour le prestige. C’est pourquoi ces deux cycles de recherche, sont couteux et exigent la présentation et la défense face à face des mémoires des recherches qui respectent le standard mondial de rédaction et présentation d’un travail scientifique.
Comme parmi les avantages du LMD, la circulation et la reconnaissance des diplômes, c’est pourquoi ce système lutte contre le plagiat, qui constitue malheureusement une maladie chronique dans les travaux scientifiques congolais, surtout ceux de Goma où tout le monde veut coute que coute avoir son diplôme.
Enseigner autrement signifie également que, l’enseignant doit désormais centrer toute son activité sur l’apprenant qui devient de plus en plus actif, de plus en plus responsable, sous l’encadrement permanent de l’enseignant. « Fini alors le temps où l’étudiant subissait les actions de l’enseignant, il doit désormais contribuer au contenu de l’unité d’enseignement (module) proposé par l’enseignant par exemple ».
Ce système nécessite des efforts énormes, une responsabilité accrue de la part de l’étudiant qui devient chercheur comme son enseignant, mais aussi une connaissance pointue du côté de l’enseignant, fini la période de l’enseignant qui connait tout, seulement le système adore les spécialistes qui préparent les apprenants à une vie professionnelle.
Le secret pour le faire, l’enseignant reste étudiant à perpétuité, un chercheur à vie et doit utiliser les méthodes activantes. Celles qui permettent à l’apprenant à découvrir ses compétences, l’enseignant ne transmet plus son savoir aux étudiants, mais il transmet les astuces de comment savoir faire quelque chose et cela dans tous les domaines.
Dans son mot de clôture dans les différents sites de formation, le Professeur Mughanda s’est exclamé d’un nombre très elevé des enseignants dans les universités de Goma, qu’il les a lui-même confondus aux motards.
Curieusement bon nombre sont des assistants ou chefs de travaux enseignants sous qualifiés. Hors pour enseigner autrement la connaissance pointue d’un domaine est une exigence, on le devient à partir de la recherche.
A Goma en communication et journalisme par exemple, il n’y a aucun docteur en thèse, un seul chef de travaux reconnu par l’etat congolais, avec cinq candidats inscrits à l’école doctorale de l’UPN en partenariat avec l’Université Officielle de Goma. Certaines institutions exigent que les enseignants inscrits en troisième cycle (DES, DEA, Master et Doctorat) peuvent donner cours dans le premier cycle au système LMD, avant que la ville aient ses propres professeurs qualifiés dans différents domaines. Finie alors la période des enseignants généralistes qui connaissent tout, sauf rien !!!!!
Étudier autrement signifie
Dans ce système, le « LMD », l’étudiant est très actif, il pratique plus qu’il subisse les théories. Bien que, la théorie oriente la pratique, l’apprenant est censé la découvrir de lui-même sous les orientations de l’enseignant qui ne dépasse pas deux heures par jour devant les étudiants. Car l’apprenant est considéré aussi comme chercheur et l’enseignant comme guide ou facilitateur.
Cependant, le « LMD » offre plusieurs avantages aux apprenants, il s’agit par exemple de: « la réduction de nombre d’années du cursus académique ( la semestrialisation est obligatoire ), l’étudiant peut choisir son cursus académique selon ses compétences, ses côtes (crédits) sont transférables lorsqu’il n’a pas fini l’année dans une université et qu’il veut aller la terminer ailleurs, ses côtes lui sont transférées ; le LMD prône la professionnalisation car l’apprenant peut choisir les cours ( Unités d’enseignements) correspondant au profil voulu, le système prône également la capitalisation des crédits , lorsque l’étudiant n’a pas fini l’année ses crédits sont gardés jusqu’à 5 ans pour être récupérés le jour qu’il reviendra à l’école ; mais aussi la mobilité des étudiants voire des enseignants constituent d’autres avantages importants de ce système.
Comme président de la conférence des chefs des établissements de l’ESU au Nord-Kivu, le professeur Mughanda met en garde ces universités qui vont employer un personnel scientifique non-qualifié au système LMD. Ces universités pourtant fermées pour non-viabilité qui vont fonctionner sans infrastructures adéquates, seront frappées d’interdiction de fonctionner. Il projette ainsi une descente sur le terrain d’une commission d’évaluation pour vérifier l’intégration du système dans les institutions en février prochain. C’est pourquoi, il recommande à toutes les universités du Nord-Kivu de nouer des partenariats avec les différentes organisations selon le domaine pour permettre aux étudiants de faire le stage pour la pratique utile de leurs enseignements.
Évaluer autrement
Dans le système « LMD », les unités d’enseignement (les cours) circulent entre les enseignants qui interviennent dans un même domaine. C’est ainsi que l’évaluation n’est plus l’apanage d’un seul l’enseignant qui peut etre a donné tel ou tel autre élément constitutif ou cours.
Cependant, le système fait la promotion de la réussite, l’étudiant ne peut pas doubler l’auditoire, mais il peut monter deux fois avec les cours de complément. C’est pourquoi il fait appel à tous les aspects d’évaluation, la formative, la sommative, la cognitive, l’affective, voire l’évaluation préférentielle, pour permettre à l’étudiant de se retrouver car tout est centré sur lui. L’important n’est pas de savoir, mais comment savoir.
Ce que l’on doit savoir du LMD !
En RDC, le système LMD a été adopté en 2014 mais sera en application après 9ans. Le système est nouveau et utilise un langage nouveau qu’il faut obligatoirement apprendre pour comprendre.
Par exemple les gens doivent savoir que, les cours sont programmés par semestre (la semestrialisation), et une année compte deux semestres. Et un semestre a 30 crédits ; donc une année complète a 60 crédits, représentant 1500 heures tout travail de l’étudiant et de l’enseignant pris en compte.
Les nombres d’heures ou des crédits sont calculés selon les pays et les universités, en RDC un crédit (1) est égal à 25 heures d’enseignement ou de recherche de l’étudiant.
C’est ainsi que :
La licence= 6 semestres = 3ans = 4500 heures
Master= 4 semestres = 2 ans = 3000 heures
Doctorat= 6-8-10 semestres= 3 à 4 ou 5 ans = 6 000 heures, variables selon le pays et les domaines.
Plusieurs outils ont été mis en place par le ministère de l’ESU pour comprendre le LMD. C’est par exemple le Cadre Normatif que le président de la conférence des chefs établissements et institutions universitaires du Nord-Kivu, le Professeur Mughanda a rendu obligatoire lors de la formation des enseignants afin de s’approprier les acquis de ce système avant son intégration dans les universités de Goma.
D’autres informations importantes du système LMD dans la nouvelle édition.