Le trafic d’ivoires des éléphants prend de l’ampleur à Butembo !
Deux présumés trafiquants des ivoires d’éléphants ont été arrêtés à Butembo dans la première quinzaine de septembre en court. Après leur interpellation, ils seront surpris avec plus de 40kgs d’ivoires des éléphants. Arrêtés se trouveraient dans la prison de Kakwangura depuis le lundi 15 septembre 2021.
« La présence des trafiquants des espèces sauvages au Nord-Kivu est une réalité. Plusieurs de ses agglomérations sont confrontées à ces pratiques illégales », dénonce la conclusion de l’investigation relative au trafic des espèces sauvages protégées menée à Butembo et à Kiwanja par « Alerte Congolaise pour l’Environnement et Droit de l’Homme », [ACEDH]. Dans une période de 2 mois précise l’investigation, trois opérations contre ces réseaux des trafiquants ont été menés par la police produisant ainsi des résultats escomptés.
A Butembo par exemple, en date du 24 juillet dernier, 5 trafiquants d’huile d’Okapi ont été interpelés. Après interrogatoire sur Procès-verbal (N°022/KWG/ERI/ PNCV.BBO/2021), ils ont été transférés à l’Auditorat Militaire Détaché de Butembo. Dans la même ville, en début de septembre en court, 2 autres trafiquants d’Ivoires d’éléphants ont été interpellés et ont été entendus aussi sur procès-verbal avant d’être conduits à l’Auditorat Militaire.
Dans la cité de KIWANJA, située à cheval du Parc National de Virunga et la frontière de l’Ouganda, à plus de soixante-dix kilomètres au nord de Goma, le trafic des ivoires d’éléphants se pratique aussi à grande échelle.
La même investigation de l’ACEDH témoigne que, « vers les heures matinales du 10 septembre 2021, deux autres trafiquants d’espèces sauvages ont été arrêtés par la Police ». Une fois interpellés, ils ont eux-mêmes avoués qu’ils étaient en possession de : « 2 peaux de léopard et d’une autre de l’Okapi ». Après instruction de la cause, le propriétaire de ces peaux a aussi été arrêté et le dossier transmis à l’Auditorat Militaire de Goma.
Plusieurs causes sont à la base
Pour l’enquêteur de « l’ACEDH », cette situation s’explique non seulement par l’activisme des groupes armés dans et autour du Parc. Mais aussi par la proximité géographique de certaines agglomérations ; (Butembo, Kasindi, Beni, Kiwanja, etc.) des frontalières avec les états exposés au marché noir, (Ouganda et Kenya). Cependant, les groupes armés pratiquent le braconnage contre les espèces sauvages protégées ravitaillant ainsi certains réseaux installés dans les centres urbains par des ivoires, peaux, dents, huile issus des espèces sauvages protégées.
Parmi les espèces sauvages les plus recherchées : « l’okapi, l’éléphant et le léopard », sont des espèces menacées par les braconniers car certains de leurs organes feraient l’objet d’un commerce illicite, mais fructueux et rentable dans les pays voisins. Et cela malgré leur protection légale au niveau national et international.
Le suivi judiciaire fragilisé
Plusieurs facteurs sont à la base de la fragilisation du suivi judiciaire des dossiers relatifs au trafic illicite des espèces protégées.
La corruption des acteurs judiciaires, (ce mal qui ronge la quasi-totalité de services publics n’épargnerait pas la lutte contre le trafic illicite des espèces sauvages) ;
Le monnayage de la liberté provisoire (une fois payé quelque sous, le criminel environnemental est relâché, malgré le degré de l’affaire) ;
Manque de connaissances en matière environnementale : ( le constat est que la plupart d’acteurs judiciaires et extra-judiciaires intervenant dans cette lutte ont des insuffisances criantes en matière de lutte contre les crimes environnementaux).
L’état de siège fait que tous les dossiers sont gérés par les juridictions militaires débordées par les affaires et retard de fixation ;
Insuffisance des Magistrats : l’Auditorat Militaire détaché de Butembo dispose d’un seul Magistrat alors qu’il doit contrôler un grand espace allant de la Ville de Butembo au Territoire de Lubero.
Le grand défi
Bien qu’arrêtés, les trafiquants de ces produits prohibés par la loi de la conservation de la nature sont souvent relâchés après avoir payés un peu de sous, sans subir vraiment la peine.
Ceux de Butembo auraient versé chacun une somme de 600 dollars selon le témoignage de ceux qui sont restés en prison, relate l’investigation de l’ACEDH. Cette organisation de Goma (Nord-Kivu) que dirige Me. Olivier Ndoole demande la prise en conscience collective pour arriver à barrer la route à ce fléau si non les espèces rares du Parc National de Virunga risquent de se terminer.
Flambeau de l’Est