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Le kidnapping à Goma: « un business payant trop risquant »

Le Tribunal de Grande Instance de Goma vient de condamner trois femmes et un homme kidnappeurs des enfants dans le quartier NDOSHO. Deux d’entre-eux écopent depuis le 06 mars 2020 à une peine à perpétuité et deux autres à 20 ans de servitude pénale et de payement de 100 000 dollars de dommage et intérêt aux familles des victimes. Cependant, le phénomène kidnapping prend de l’ampleur à Goma depuis 4 ans surtout dans le quartier Ndosho où la plus part de victimes sont des enfants. Les familles victimes témoignent sur le mode d’opération dans cette investigation.

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Madame Otoko Ngoma Jeanne Deborah, monsieur Mboyo Lemba Dady ont écopé d’une prison à perpétuité, pendant que mesdames Mujimama Anastasie et Ingabire Zawadi ont été condamnées à 20 ans de servitude pénale. Seul Shamavu Jean, un pasteur acquitté  par le tribunal de grande instance de Goma pour manque de preuves après investigations judiciaires. Ces kidnappeurs sont condamnés pour : « enlèvement d’enfants, association des malfaiteurs et la non-assistance aux personnes en danger ». Ils sont ainsi sommés de payer 100 000$ de dommage et intérêt à la famille de la  petite Arriane Balume, (une fillette de moins de 10 ans), morte suite  à une maladie pendant sa periode de détention, deux mois, jour pour  jour sans la libérer sous prétexte que, « sa famille n’avait pas transféré la rançon exigée ».

Le chef de quartier NDOSHO confirme avoir enregistré quatre cas (4) de Kidnapping dans son entité pendant le seul mois de Janvier 2020. Il s’inquiète  tout de meme que, « tous les enfants enlevés soient de son quartier, mais les kidnappeurs viennent des quartiers éloignés.

Le mode d’opération de kidnapping à NDOSHO

Un jour dans le quartier NDOSHO, en Janvier dernier vers 15h00, Rachel K, mère de l’enfant François trouvé vivant après avoir transferé la rançon  relate son calvaire. « Je préparais l’eau pour laver mon enfant qui jouait à l’extérieur de la parcelle. Dès que je fini, suis sortie à sa recherche. Curieusement, ses amis me diront qu’il est parti avec son oncle pour lui acheter un bonbon. J’ai attendu pendant deux heures, il n’était pas toujours de retour ».Cet écart d’heures a poussé à madame Rachel, la trentaine révolue de penser à l’enlèvement de son enfant.

Apres quelques instants, relate-t-elle, son mari va surgir en courant, disant à haute voix, qu’il venait de recevoir un appel d’un numéro inconnu lui demandant (10 000 $) pour la libération de leur enfant. C’était  pour cette jeune femme un cauchemar :«  etant pour la première fois éloigné  de mon enfant. Et surtout ne sachant pas où était-il ? , Avec qui et comment était-il traité ? ». « Je mourrais déjà à petit feu », se ouvient-elle tristement.

Toujours en janvier dernier un jour à NDOSHO vers 12h00, « trois jours après  la disparition de mon fils de 15 ans, j’ai reçu un appel anonyme me demandant 5 000$ », raconte tristement le père d’un enfant trouvé mort égorgé. « Je leur avais dit que, je n’avais pas d’argent.Ils ont diminué le montant à 2000 $  me disant que, « si je ne remettais pas cet argent, ils tueront déjà mon fils. Compte tenu de ma situation financière, je leur avais  dit, je n’avais jamais touché cet argent depuis ma naissance ».

Le matin en allant à l’église, ce papa trouvera le corps de  son enfant allongé devant une clôture  à quinze mètres de sa parcelle. D’après Benjamin une autre victime cet acte se fait souvent à Ndosho, suite au chômage des jeunes et à la présence massive des gens venus des territoires insécurisés qui connaissent mieux  le milieu et les personnes avec qui, ils traitent. Voici son expérience.

Lorsqu’il revenait de l’école vers 13heures  en mi-chemin, il a trouvé un homme à côté d’une voiture, il lui demanda l’aide d’écrire un numéro. Le jeune homme a pris un stylo et un papier dans son sac, le présumé bandit lui a remis son téléphone en voulant commencer à écrire, il lui a  supplié de s’assoir dans le véhicule pour mieux écrire. Une fois dans la voiture, il y  trouve  deux autres jeunes bandits qui, tout à coup l’ont bandé les yeux et l’ont bloqué la bouche pour l’empêcher de crier. Ils se sont dirigés vers une direction inconnue. Le connaissant bien, ils l’ont libéré sans rien demander mais après l’avoir maltraité car ils ne lui donnaient ni à boire ni à manger et chaque soir il avait droit à 50 fouets.

La recherche d’argent, la cause principale

Pour libérer l’enfant François, sa maman témoigne que, les  kidnappeurs avaient dit  à son mari, s’il ne trouvait pas les 10 000$  dans trois jours, ils l’auront déjà tué. Heureusement, « nous leur avions demandé de nous pardonner  pour  recevoir  (5 000$) que nous avions prêtés pour sa libération. Par la grâce de Dieu, ils avaient accepté  et l’enfant était libéré vivant», raconte  madame Rachel.

Comme le chômage bat record dans la vie socio-économique  au pays, à Goma certains jeunes de NDOSHO témoignent qu’ils utilisent tous les moyens pour se faire de l’argent  afin de répondre à leurs besoins. A part les vrais kidnappeurs, certains jeunes se font kidnappés pour se faire de l’argent auprès de leurs familles, situation jugée fréquente par manque d’occupations. Après avoir utilisé l’argent des frais academiques en allant s’amuser, boire…, certains etudiants entrent dans cette pratique de kidnapper ou de se faire kidnapper, confirme un assistant  d’une Université  installée à NDOSHO.

Souvent, les jeunes kidnappent les enfants de leurs voisins sachant la situation familiale de ces derniers. En 2017 dans une enquête,  www.habarirdc.net avait publié un article : «  les kidnappeurs sont vos voisins », car plus de  trois condamnés par la justice pendant ce temps  etaient voisins aux familles victimes.

 

La part des autorités

Les kidnappeurs ont toujours utilisé le réseau des télécommunications Airtel. Ce dernier a déjà été sommé de fermeture par les mouvements citoyens dont la LUCHA, qui l’a toujours accusé de de passivité dans le processus d’identification des personnes males intentionnées qui utilisent leur réseau. Les populations de Goma jurent à la collaboration des autorités surtout judiciaires et la direction  de la maison Airtel  non seulement de bloquer les numéros des tous les kidnappeurs pour qu’ils ne retirent plus l’argent à travers Airtel, mais aussi de localiser et arrêter tout celui qui va tenter de demander les rançons à travers ce réseau, pourtant populaire au Nord-Kivu.

Reportage de : Seza, Francine, wabiwa Christelle, Kundumpaya Marie.

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