Bukavu face à une mauvaise gestion des dechets ménagers
Depuis plusieurs décennies, Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivufait face à la quasi absence d’une bonne politique de gestion des déchets ménagers. Bon nombre des habitants jettent les déchets en désordre dans la ville. Certains les déposent sur la chaussée, d’autres dans des caniveaux, d’autres encore dans le lac Kivu. Cette situation est un indicateur des manques, non seulement de la réglementation, mais aussi des poubelles publiques dans cette ville où le taux de la population augmente du jour au jour.
Une fois à Bukavu, au chef-lieu de la province du Sud-Kivu, ce sont les dechets qui vous accueillent. Les déchets de construction, des plastiques, des dechets ménagers et toxiquessont visibles dans plusieurs coins de la ville.
Cependant plusieurs conséquences guettent les populations de cette ville suite à cette situation. Les médecins interrogés à ce sujet disent que, « ces déchets représentent un danger réel sur la santé de l’homme etles écologistes estiment qu’ils constituent une menace à l’écosystème ».
Pour les médecins, les déchets chimiques comme les insecticides, les batteries et les piles constituent un véritable poison pour l’homme. Des études démontrent que, l’odeur de déchets ménagers en décomposition peut avoir un impact négatif sur la respiration de l’homme et la qualité de l’air.
L’environnement aussi menacé
Sur le plan environnemental, les conséquences des déchets, n’est plus à démontrer. La présence de la saleté dans les rues, la pollution du Lac-Kivu, le bouchage des caniveaux sont entre autres leurs méfaits sur l’environnement.
A en croire, l’écologiste Josaphat Rubenga connu sous le pseudonyme, ( le défenseur acharné du Lac-Kivu), « la présence de déchets dans le Lac et dans la rivière Ruzizi est une menace non seulement des poissons mais aussi pour l’électricité.
D’un côté, ces dechets ne favorisent pas la reproduction des poissons et par ricochetimpacte négativement sur le panier de la ménagère. De l’autre côté ils sont à la base des coupures improvisées de l’électricité et favorisentla déforestation.
A qui revient la responsabilité ?
A l’heure actuelle, le maire de la ville de Bukavu est pointé par plus d’un observateur, comme le premier responsable pour la gestion des dechets de la ville. Certains l’accusent de ne pas être à la hauteur malgré son master en gestion de déchets à l’Université Evangélique en Afrique, « UEA ».« Bukavu est devenue une ville de la honte, des déchets sont partout. Il n’y a aucune politique de gestion des déchets. Le master du maire n’a servi à rien.», lâche B.M, étudiant en Planification Régionale à l’Institut Supérieur de développement durable, « ISDR ».
Dans une conférence-débat organisée par l’Institut Français, Bilubi Ulengabo Meschack, Maire de Bukavu s’est montré plus plaintif que réaliste. Dans sa communication plutôt désespérée, l’autorité urbaine a fait savoir que la ville fait face à plusieurs défis.«La persistance de l’insalubrité à Bukavu est due aux problèmes d’ordre technique, financier, économique, écologique et socio-culturel. C’est difficile d’évacuer les déchets avec un budget de 5 000 000 de dollars pour une ville de plus d’un million d’habitants ».D’après lui, les responsabilités sont partagées entre la population et les organisations de la société qui ne sensibilisent pas les habitants sur la gestion des déchets ménagers.
Pour Christophe Cirumira, chargé de communication de la société civile environnementale et agro-rurale, « Nous faisons régulièrement les sensibilisations sur le civisme environnemental, mais le problème se pose au niveau du manque de volonté politique. Nos autorités devraient ajouter la protection de l’environnement et la gestion des déchets dans leur priorité ».
Des solutions durables
« Aux grands maux de grands remèdes », disent les Français. Cette théorie a été bien comprise par l’élitede Bukavu,soucieuse de mettre fin à ces problemes. Pour sa part, le Professeur Gustave Mushagalusa, recteur de l’UEA, plaide pour la valorisation des déchetspar le recyclage. Tout en proposant de libéraliser le secteur de gestion des déchets, cette action ajoute-t-il serait à la fois, un des meilleurs moyens dans la création d’emploi aux jeunes et la lutte contre l’insalubrité dans la ville.
Pour orienter les populations dans la gestion de dechets, les autorités doivent proposer une bonne polique de gestion des dechets à Bukavu en appliquant les lois et édits afin de mettre fin à ce fléau. En fin de compte, le maire appelle à la mobilisation totale de tout le monde, voire les médias, qui doivent attirer l’attention de la population sur la bonne gestion des déchets car c’est ainsi une affaire de tous.
Enock Bulonza et Cosmas Mungazi