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Bannir les discours de haine, gage de la paix dans une zone des conflits !

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La  province connue pour le nombre des groupes armés interethniques, c’est le Nord-Kivu, (+ 100 selon une thèse de doctorat). Les autres membres des communautés n’étant pas enrôlés dans ces groupes armés sont accusés à tort ou à raison qu’ils sont  à leurs services. Cette situation est à la base  des discours de haine, qui peuvent engendrer ce qu’on appelle ‘la chasse à l’homme »  ou chasse aux innocents membres d’une communauté incriminée. Pour prévoir  que le pire n’arrive, la Monusco comme toutes les autorités publiques du pays s’érigent contre cette pratique, bien qu’étant d’accord de traquer toutes les forces négatives sur toute l’étendue du territoire national. Cependant chaque communauté contribue à l’émergence des conflits à travers son profil, ce qu’elles doivent évier pour avoir une paix durable en province.

Dire que le Rwanda soutien le M23 n’est pas un tabou, sauf il faut en avoir des arguments.  Mais on ne peut pas dire par exemple :           

Tous les Tutsi sont membres du M23. Comme on ne peut pas dire, tous les Hutu sont  des génocidaires. Et tous les Nyanga, Tembo, Nande … sont  des maï-maï [forces négatives].  Ce sont là les discours qui stigmatisent des personnes innocentes.

« Mais pourquoi s’éprendre aux populations civiles parce qu’ils ont  des affiliations avec tel ou tel groupe armé ? » ; S’interroge Madame LAILA Bourhil, la Cheffe du Bureau de la Monusco/Goma, qui a organisé le 06 juin 2022 un dialogue social à l’intention des personnalités influentes de six grandes communautés du Nord-Kivu : «  le Hunde, le Hutu, le Nande, le Nyanga, le Tembo et le Tutsi ».

Curieusement en date du  15 juin 2022, lors de la manifestation de la coalition « societé civile-mouvements citoyens »  contre la prise de Bunagana par le M23, certains Tutsi ont été cibles de certains manifestants qui ont voulu parfois brulées vives des personnes ayant une morphologie tutsie (Nilotique), trouvées sur leur chemin.

Un journaliste bien connu dans la ville ayant cette morphologie ranconte son calvaire dans un groupe watsap des journalistes de la province, « à part la réussite de la marche dans la matinée du 15 juin 2022, je dénonce aussi les menaces à l’encontre de ma personne les après-midi de la part de certains jeunes manifestants au rond-point Birere quelques heures après les évènements de la petite Barrière, pendant que nous étions en train de faire des interviews avec les manifestants ».

Intervenant au dialogue social initié par la Monusco, David Karambi, representant de la Communauté Tutsie à Goma déclare que, «  ces derniers temps, on enregistre des attaques du M23, malheureusement plusieurs personnes  les attribuent à toute la communauté, je demande à toute personne pouvant me lire à travers ce texte, de ne pas endosser ces attaques sur les épaules de toute la communauté Tutsie ». Monsieur David souligne qu’il n’est pas représentant du M23, mais de la communauté, le M23 selon lui doit être traité comme tout sujet congolais impliqué dans  la guerre contre son pays.

Dans son intervention au dialogue social de la Monusco, la Cheffe de Bureau interpelle tous les responsables des communautés invitées que, « Vous formez une seule famille, une seule maison et, tout royaume divisé contre lui-même est dévasté et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister. » La Marocaine leur demande aussi que, « Ne laissez pas vos différences être utilisées pour vous diviser, mais utilisez vos différences comme l’exemple de votre union et votre acceptation mutuelle. C’est votre force ».

Chaque communauté est responsable

La Monusco en invitant les responsables de ces six grandes communautés de la province, c’est pour les mettre devant leur responsabilité car les membres de leurs communautés, civiles, comme armés peuvent les écouter pour une paix durable en province.

Bien qu’accusée chacune avoir son groupe armé, heureusement les leaders de ces six communautés ont signé un accord d’engagement pour désapprouver leur soutien aux différents groupes armés dont le M23 qui contrôle actuellement plusieurs villages dans le Rutshuru.

Madame LAILA s’en félicite, « C’est une importante initiative dans laquelle vous vous engagez ouvertement et résolument aujourd’hui. Vous vous placez à une jonction de l’histoire qui est cruciale en promulguant un message de paix, de cohésion, de fraternité et d’union entre les communautés.

En tant que Monusco, nous sommes simplement là pour vous soutenir car cette initiative est la vôtre  et je vous en félicite ».

Monsieur David demande aux autorités congolaises que le M23 subisse la rigueur de la loi, d’ailleurs ils  ont refusé le recrutement de leurs enfants dans ce groupe terroriste.

Ce qui reste à  infirmer ou confirmer me souffle aux oreilles un membre d’une autre communauté que je tais sciemment le nom, parce que les Tutsi sont rusés lâche-t-il, dans mes oreilles au dialogue social de la Monusco.

Pour Mwanza Mishonya, responsable de la Communauté Tembo, sa communauté est pacifique, mais indignée tout de même des rebondissements de la guerre à Rutshuru. Il demande à tous les membres de sa communauté où qu’ils se trouvent au pays, dans le Masisi, Walikale, Kalehe, voire Shabunda d’être toujours solidaires  avec tous car l’unité est la clé du développement.

Le Bunakima lui-même signifie l’union  explique dans son mot au dialogue de la Monusco, Eli Biteko Nzuki, representant des ressortissants de Walikale. Car son association, le « Bunakima » symbolise l’unité de tout Walikale qui a subit malgré cela les affres de la guerre depuis 1993  renforcées par l’arrivée des réfugiés. Pour lui, la communauté peut se dire terminer la guerre, mais les tireurs des ficèles  sont nombreux, voire dans la communauté internationale qui  souhaite que ces guerres continuent pour la continuité de son mandant infini et l’exploitation des ressources en RDC, 21 ans après.

En conclusion de tout, le représentant de la communauté Hutu, Emmanuel Gashamba  a terminé son mot par un adage  qui justifie la fin des guerres par la présence des produits alimentaires. « Avec la Paix, sans épée, nous avons le pain », conclut-il.

 Les profils complexes des communautés du Nord-Kivu 

Pour comprendre l’implication des communautés du Nord-Kivu dans la construction de la paix, il faut connaitre leurs profils, écrit Cosmas Mungazi dans un article scientifique[1]. Pour ce journaliste bien experimenté dans la couverture des sujets des conflits dans la région, l’expression « profil complexe » désigne un groupe d’individus qui, de manière consciente ou inconsciente adopte des attitudes relationnelles qui s’opposent à la création d’une relation stable, donc une attitude qui  favorise l’émergence des conflits.

Le profil complexe est l’émanation des trois catégories des profils reposant sur le degré de gravité à perturber les relations interculturelles ou  intercommunautaires,  il s’agit de : « profil opposant, profil difficile et le profil critique » qui font « les profils complexes »[2]. Par curiosité chaque communauté du Nord-Kivu se trouve d’une manière ou d’une autre dans cette classification. Pour trouver une paix durable chaque communauté  doit connaitre son profil et faire un effort d’en abandonner petit à petit.

N° Communauté Profil complèxe
01 ü Le Hunde ü  sont des ventres mous et critiques

Les Hunde sont souvent vice-gouverneur dans la gestion ethnodémocratique du Nord-Kivu. C’est un peuple écrasé  qui parfois ne sait plus comment réclamer ses droits à force d’être la cible des tueries interminables surtout dans le territoire de Masisi.

Le Hunde est un peuple « ventre mou », caractéristique d’un individu éprouvant des difficultés à s’engager à une cause pour des raisons qui lui sont souvent propres. Cette difficulté est résultante d’un conflit interne entre la volonté d’éviter un différend et l’incapacité à tenir ses engagements. Par conséquent, le ventre mou est perçu, à juste titre comme un individu peu fiable.

 Les Hunde sont aussi critiques, ils ont des propos qui cachent une frustration, du ressenti, du mal-être ou de la colère mal exprimée. Les critiques sont souvent malheureux, même s’ils ne le laissent pas ouvertement paraitre. Comme ils ne savent pas faire autrement ou font volontairement pour exister à contre-courant en provoquant l’agacement de ceux qui les entourent.

02 Le Hutu ü  Les Hutu sont violents, agressifs

les Hutu sont considérés comme un peuple qui agit toujours par violence. L’individu violent est caractérisé par des comportements réguliers de passage à l’acte agressif d’une intensité telle qu’il peut faire craindre pour l’intégrité de la personne qui en est victime.

 Un individu qui a le profil violent est celui qui a des comportements de violence habituels, quasi pathologiques et non des personnes qui ont eu une attitude violente de manière très épisodique.

Les HUTU réclament tout par la violence, ils ravissent même des espaces terriens à certaines personnes surtout dans le MASISI et Rutshuru, déclare une personnalité dans le dialogue de vérité du Gouverneur Carly Nzanzu[3].                                                                                                        

Pour Eugène Serufuli, notable HUTU, ancien gouverneur, « ce comportement est dû aux differentes frustrations, du partage inéquitable des richesses de la province ; c’est pourquoi ce notable de cette communauté soutien haut et fort la scission de la province ». Mais aussi les Hutu ont subi les affres des plusieurs évènements tragiques orchestrés par leurs homologues  au Rwanda, au Burundi comme sur le sol Congolais. 

Pour certains analystes scientifiques, la violence est liée à la notion de frustration: pour faire face à une situation de frustration ou de perte de contrôle, le recours à un comportement hétéro-agressif violent est pour son auteur la seule solution envisageable. 

03 Le Nande ü  Les Nande sont égocentriques et extrémistes 

Cette espèce prolifère le plus rapidement au Nord-Kivu. Les Nande comme égocentriques sont donc caractérisés par leur tendance à tout ramener à eux-mêmes.                                                                                                       Les égocentriques prennent du plaisir à s’écouter parler, à rappeler leurs réussites ou celles de leurs proches et considèrent que ce qu’ils ont à dire a toujours plus d’importance. D’où leur faible capacité d’écoute et d’intérêt pour les autres[4].  

À force d’être focalisé sur sa propre personne, les égocentriques sont aveugles aux signaux provoqués par les autres. Là où l’égocentrique est vraiment déroutant, c’est qu’en lisant ces lignes, il ne voit pas que celles-ci sont le reflet de ce qu’il est.

05 Le Tutsi ü  Les Tutsi sont hypocrites, rusés et passifs-agressifs

La communauté Tutsi est considérée comme hypocrite, rusée ou encore sournoise  dont on ne connait pas ce qu’ils pensent et protègent également les intérêts des sujets étrangers. Les Tutsi adoptent ainsi la « posture de docteur ».  En endossant la blouse blanche, notamment par la posture adoptée et la rhétorique utilisée, même si vous ne le souhaitez pas, vous risquez d’être perçu comme complaisant. Si vous jouez au docteur, vous risquez d’être reçu comme il faut. Ce qui veut dire qu’il est toujours préférable d’être ce que vous êtes réellement. Sauf si vous êtes réellement docteur et que vous prenez particulièrement du plaisir à professer, adopter une posture de docteur ne vous rendra pas service et sera dans bien des cas préjudiciable à la résolution de la situation.

Le  passif-agressif est un terme qui a vu le jour en 1945 dans l’armée américaine pour décrire les comportements de soldats  réfractaires à l’autorité Le passif-agressif utilise la sournoiserie et la passivité. Ce qui caractérise le plus un passif-agressif, c’est son attitude d’opposition nuisible. Empreint de négativisme et de frustration, il sabote dans l’ombre le système qui le nourrit. Pour cela, il use du silence, oublie volontairement certaines tâches, s’enfonce dans la lenteur, omet des éléments et s’efforce de toujours trouver une bonne raison à son inefficacité.

Les passifs-agressifs sont très généralement détestés au sein des équipes, car au-delà de leurs comportements nocifs, ils sont peu fiables et les résultats sont décevants. Le passif-agressif utilise la sournoiserie et la passivité.

 

Commentaire[5]

Ce tableau présente les profils des communautés du Nord-Kivu, lesquels profils ne permettent pas que  la paix durable soit retrouvée car chaque communauté se cache derrière un comportement qui met en mal les relations entre les communautés.  Certaines communautés ne sont pas citées, mais se retrouvent dans un ou un autre profil. L’objectif de rédiger cet article n’est pas de nuire à qui conque mais à vouloir décourager ces comportements nocifs  qui sont à la base des conflits en province du Nord-Kivu car plusieurs leaders d’opinions se limitent à interdire les discours de haine sans  en exposer les causes effectifs.                                                                                          Cosmas Mungazi

 

[1] Cosmas Mungazi, « les effets de la démocratie des ethnies au Nord-Kivu », travail pratique  inédit, après le séminaire  de la Communication Interculturelle, UPN-Unigom, Kinshasa 2022.

[2] Marwan Mery Laurent Combalbert MENTEURS, PERVERS, SUICIDAIRES, HARCELEURS … COMMENT NEUTRALISER LES PROFILS COMPLEXES, Eyrolles , 2015

[3][3] Representant de la communauté Tembo lors du Dialogue de vérité du Gouverneur Carly Nzanzu Kasivita , Goma 2020

[4] Comment anéantir les profils les plus complexes…

[5]  Cosmas Mungazi, les effets de la démocratie des ethnies au Nord-Kivu, inédit,  UPN-Kinshasa, 2022

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