Masisi-Kituva: Affaire de l’assassinat du major Bauma Shabafuko : une cruauté ténébreuse, sans avenir judiciaire ni vérité

Masisi-Kituva: Affaire de l’assassinat du major Bauma Shabafuko : une cruauté ténébreuse, sans avenir judiciaire ni vérité

Criblé des balles dans la poitrine vers 18H30 ; lorsqu’il revenait de Minova (Sud-Kivu), son lieu de travail pour Kituva (Nord-Kivu), son village natal où se trouvait toute sa famille. Major Bauma Shabafuko, matriculé : 180962897478, était attaché au poste de Minova où il était chargé de contrôle, recherche et patrouilles. Avec comme missions spécifiques : « investigation sur les personnes et marchandises par la fouille des bagages, contre vérification des documents migratoires et douaniers, contrôle des bagages en vue de détecter tous produits prohibés à la circulation et à la consommation, et chargé           d’investigations sur le trafic illicite des minerais. Tué en plein service,  la veuve  et  toute la famille demandent  à  la justice  de la RDC de mettre la main sur tous ceux qui sont impliqués de prêt ou de loin dans cette affaire.

Après le deuil du major Bauma Shabafuko, en octobre dernier, « on a failli être incendié par la population de Kituva », raconte tristement Agnès Kalefulo, la cinquantaine, trouvée à Goma dans le salon de sa grande sœur Monique Furaha, présumée auteure  intellectuelle de l’assassinat  du major. Et pourtant, ajoute-t-elle, on pleurait si le major pouvait ressusciter pour venir départager la famille et notre grande sœur accusée sans preuve que c’est elle qui aurait commandité sa mort. « C’est regrettable que, deux petites sœurs et l’enfant de la présumée commanditaire et bénéficiaire de cet assassinat, qui n’a même pas assisté au deuil, viennent récupérer une quantité de la boue sur la tombe du major. Cet acte de haute facture et imaginable pratique magico-mystique qui ne dit pas son nom et que le mobile reste connu par la présumée », s’inquiète un des responsables de la famille du défunt à Kituva. Depuis ces événements, raconte Agnès, Monique Furaha ne peut pas piétiner le sol de Kituva-Bweremena-Minova, par crainte de la population, l’accusant d’être derrière cet assassinat crapuleux du major Bauma.

Kituva est une localité se trouvant dans la collectivité chefferie de Bahunde en territoire de Masisi, située à plus de 40 kilomètres de Goma après Kiroche, avant d’arriver à Bweremena, un milieu calme et hors secteur opérationnel.  Ici, le regretté major Bauma sera assassiné le 20/10/2017, vers 18H30, lorsqu’il revenait de Minova où il était affecté comme chargé des renseignements militaires, pour rejoindre sa famille qui  y  restait depuis bien de temps dans cette localité où il était originaire. La localité en question se situe  entre deux positions militaires : à l’Ouest par les militaires gardant les limites du Nord-Kivu (Bweremena), à celles du Sud-Kivu(Minova) et à l’Est par ceux du camp militaire de Kihindu, malheureusement, tous n’ont pas été capables d’arrêter les assaillants.  Ni mêmes faire des recherches pouvant permettre d’avoir des indices pour ouvrir une fenêtre sur la voie judiciaire, seule instance, capable de trouver une lumière entre la l’égalité et l’illégalité, la responsabilité et la culpabilité et briser le silence sur les faits hautement illégaux.

Des témoignages accablants

Les témoignages recueillis sur place soupçonnent Monique Furaha, cousine du major avec qui, il restait dans une même maison à Minova, comme suspect numéro un. La première personne, c’est la veuve, Giselle Eray Kakeno, la trentaine, qui  relate sa version de fait. « Ce jour là, j’étais ici à la maison, revenant de notre champ. Après 30 minutes de repos, je vais écouter deux coups des balles, non loin du village. J’ai eu peur. C’est comme ça que, je sortirai un peu pour avoir la version de fait. Subitement, je veux rencontrer Monique  Furaha, chez qui il restait à Minova, provenant du lieu de crime. Je veux lui demander où avez-vous laissé le major ? Elle me dira que, le major ne viendra pas aujourd’hui, il va suivre le match. Apres quelques minutes va surgir un camion Fuso en provenance de MINOVA, malheureusement, le chauffeur annoncera que c’est le major Bahuma, mon mari qui venait d’être tué, dans une courbure, appelée  Kanyangali, lieu de crime ».

Cette jeune femme n’a pas trouvé tout de suite des réponses, mais elle va pousser de loin les réflexions pour avoir une idée sur la mort de son mari. « Un jour avant la mort de mon mari, Emmanuel, fils de Monique s’est éclipsé dans notre chambre prenant un panneau, le lait de beauté des enfants et les cahiers secrets du feu major. Faisant appel à sa mère, Monique Furaha, qui venait de Goma, dira à son arrivée que, « pourquoi m’appeler pour des choses inutiles ?, le lendemain mon mari sera tué ». Selon la veuve ces événements, «  m’ont poussé de penser sur ce que Monique disait avec insistance et colère, un jour qu’elle tuerait  le major par le fait  qu’il aurait  acheté le champ dont elle avait aussi besoin ».

Les gens du village témoignent aussi 

La probable implication de Monique Furaha  dans l’assassinat  du major Bauma  Shabafuko a commencé à se construire suite à son comportement et surtout à sa provenance, quelques minutes après l’assassinat du major. Un des notables  du village donne sa version de fait, « j’ai appris que, c’est un motard  qui a été tué. Me rapprochant du lieu de crime, on me dira que, c’est le major Bauma. Lorsque j’avance, je verrai Monique  Furaha venir du lieu de crime, avec son bâton en main, dépassant un peu la carrière des pierres, vers le terminus  du village, non loin du lieu où on a abattu le regretté major. Je me suis  demandé d’où vient cette dame  en ce moment aussi suspect et de panique et surtout  sa provenance là? Croyant qu’elle me dira un mot sur la mort de son cousin,  on va se passer sans rien se dire. Lorsque je rentre à la famille, je trouve encore Monique absente sur le lieu du deuil ».  Pour ce notable, vu les circonstances qui ont étonnée cet assassinat,  et les aspects d’implications présumées  de cette dame. Pour qu’il y ait lumière dans cette affaire, il faut  que la première suspecte soit entendue pour expliquer où est-ce qu’elle venait quelques minutes après les coups des balles qui ont emporté ce brave militaire  des FRDC. 

Cette situation  est confirmée par Sifa Katcharanga,chez qui Monique, était cachée la nuit de la disparition mortelle du major. « Nous étions nombreux chez nous au salon, où je vendais la boisson. Subitement, va surgir Emmanuel, fils de Monique, transpirant comme quelqu’un qui courait. Directement, je lui demande d’où venez-vous  comme ça? Il dira que, c’est un motard qui est mort. Après quelques instants, il dira avec toute conviction que, «« Votre major reste à Kanyangali. Le coup de main qu’il m’a infligé hier, lorsque je suis entré dans sa maison, c’est la dernière fois de me toucher ».

Quelques minutes après, sa mère arrive. Selon toujours Katcharanga, Monique Furaha interdira brutalement son fils de parler. Mais lui demandant tout de même, « où est son sac ? », «  Peut être c’est resté à Kanyangali », rétorqueraEmmanuel. Dès lors, regrettera Katcharanga disant tacitement que, « Emmanuel et sa mère connaitraient quelque chose sur la mort du major ». La combinaison de tous ces faits et réactions donne un poids de culpabilité  qui doit être examiné après audition devant une instance habileté qui est seule capable  de le faire. Pour confirmer leur hypothèse, la présumée est aussi accusée de ne pas faire le mouvement, « elle et son fils », pendant que, le village entier s’était  déplacé pour aller voir le corps de leur fils. C’est ainsi que, son fils passera nuit dans la maison de Katcharanga, mais sa mère sortira tardivement pour aller passer nuit ailleurs. Laissant même une somme d’argent à Sifa Katcharanga, qui  nous le confirme  pour donner  un peu plus d’alcool à son fils, s’il le demande et une quantité du chanvre.  Elle reviendra prendre son enfant qui n’était pas du tout malade, mais ivre d’alcool  à 3H00 pour Goma, où elle n’est plus revenue. A ce moment, nul interrogatoire n’étant leur soumis mais d’eux-mêmes se sont isolés et fuir sans juste motif et des questions planent sur cet attitude.

La présumée  commanditaire à la défensive

Nous l’avons trouvée chez elle, à la maison à Ndosho, non loin de l’hôpital CEBCA.   

A ses cotés, sa mère et sa petite sœur Agnès. Elle se justifie en ces termes, «  Je suis incriminée pour rien. Et je ne connais aucune chose  sur la mort du major Bauma, avec qui nous vivions dans une même maison à Minova ».

Cependant, « depuis mon enfance, (à trois ans), je suis dans cette famille où on m’a donné même le nom Kalefulo, et, où je fais les affaires. Lorsque mes affaires ont progressé, j’ai commencé à acheter des espaces à cultiver. De cette manière, j’ai accumulé plusieurs champs. Curieusement, j’ai été objet d’une jalousie de certains  membres de la  famille qui ont voulu me chasser, moi et mes petites sœurs avec qui nous étions venues avec notre maman dès le bas âge. Comme j’avais déjà plusieurs biens, ils ont déclaré qu’ils attendent ma mort pour récupérer tous ces biens ». Concernant ses relations avec le major, Monique  Furaha déclare qu’elle n’avait aucun conflit avec le major Bauma. Qui était  d’ailleurs,  le seul garçon de la famille avec qui, elle tissait de très bonnes  relations.

Néanmoins, ce qu’elle connait de mauvais du feu major, paix à son âme ! dit-t-elle en Kiswahili : « lorsqu’il devient militaire, je lui ai demandé de m’aider à récupérer mes champs, autres fois ravis par certains membres de la famille. Il parviendra à récupérer un champ, qui malheureusement, il gardera à son compte ». Tu es aussi accusée de n’est pas assisté aux funérailles du major, malgré vos relations ? « Si je n’ai pas assisté aux funérailles, parce que, j’ai un enfant presque fou que j’avais amené à l’hôpital santé mentale, heureusement il se porte un peu bien aujourd’hui ».

Les sources et les victimes nécessitent une protection

Au regard de la tendance vers l’effacement de cette affaire, les témoins  sont aussi en danger et nécessitent une protection spéciale aux fins d’encadrer l’action judicaire et sécuritaire des sources de vérité. Une complicité intellectuelle au niveau des forces de sécurité serait un risque plausible pouvant conduire vers la mort de la veuve, témoins et autres sources clés dans cette affaire. Les témoins et les responsables de la famille ont plaidé pour des mesures conservatoires pouvant garantir une sécurité aux victimes, un suivi efficace et de proximité pour une justice juste et équitable en cette affaire. Comme le regretté major était tué sur le territoire du Nord-Kivu, mais affecté à Minova (Sud Kivu), les autorités militaires de chaque coté se rejettent la responsabilité. Ceux de Bukavu étant nouveau au poste des renseignements militaires du Sud-Kivu et ne maitrisant pas le dossier, se limitent à l’envoie de la solde à la veuve et aux deux fillettes laissées. Les autorités militaires du Sud-Kivu demandent à leurs homologues du Nord-Kivu de diligenter l’enquête, comme le fait s’est produit sur leur territoire.

En effet, après les obsèques du major, a-t-on appris, un responsable de l’armée du Nord-Kivu voulant se laver d’affaires, dira au père du défunt que, « les gens disent que,  c’est moi qui ai tué ton enfant ? », Le père dira, « je sais tout simplement que, ce sont les hommes en armes qui ont tué mon fils. J’attends vos enquêtes ». N’étant pas encore présent au camp militaire de Kihindu, le major chef du camp, le plus proche du lieu de crime évoque l’obscurité du dossier sur la mort de major Bauma. Pour lui, selon les principes militaires, le déplacement tardif d’un officier peut le laisser tombé dans une embuscade qui n’était pas sienne. En suite, tous les responsables militaires, qui étaient présents pendant ce crime ont été mutés, mais aussi, le dossier du major date de plus de trois mois, encore que, c’est un membre de la famille qui endosse la responsabilité comme la première suspecte de la mort du major. Pour éclairer la lanterne, la famille et la veuve demandent à la justice de porter la lumière sur la mort de leur fils, qui servait sous le drapeau de la nation.  

                                                                                                                          Rigobert Muntu

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