Pour limiter la circulation des discours de haine, bien que toute personne jouisse de sa liberté d’expression, le discours de haine constitue une menace pour les valeurs démocratiques dont la stabilité sociale et surtout la paix, dans le contexte du Nord-Kivu.
C’est pourquoi, deux organisations de la Société Civile de Goma : La Coalition des Volontaires pour la Paix et le Développement, « CVPD » et BLESSED AID ont organisé un échange de sensibilisation à l’intention des étudiants de certaines universités de Goma. Cet atelier de sensibilisation d’une mi-journée ce vendredi 31 Mars 2023 a porté sur « la lutte contre les discours de haine et la prévention des atrocités des masses » dans les milieux universitaires (étudiants); parce qu’ils sont considérés comme des leaders d’opinions dans leurs milieux respectifs.
En organisant cette journée de sensibilisation la CVPD et BLESSED AID ont voulu inciter les étudiants à identifier d’eux-mêmes les défis auxquels ils sont confrontés en partageant les discours de haine tout en leur demandant à s’engager contre la circulation des discours de haine, qui ont toujours été à la base du déchirement du tissu social dans plusieurs communautés du monde, comme les génocides.
Les conséquences des discours de haine
Après son exposé subdivisé en deux parties : « lutte contre les discours de haine et la prévention des atrocités des masses » ; Maître Sawy Baeni, avocat au Barreau de Goma, a donné aux participants le devoir de chercher en groupes les causes et conséquences des discours de haine dans le contexte du Nord-Kivu, province en proie de l’insécurité due aux groupes armés communautaires depuis un temps.
Dans leurs travaux de mise en commun, presque tous les groupes ont dit que dans tous les sens, les conflits sont les causes profondes des discours de haine et ils ont comme conséquences les guerres interminables du Nord-Kivu, la division entre les communautés, le tribalisme qui prend de l’ampleur, etc.». De ce fait, tout le monde est concerné pour sensibiliser les autres de cesser à faire circuler les discours de haine car ils détruisent le tissu social a dit cet homme de droit.
Prenant la parole aux noms des organisateurs, Josselin BANDU MIKINDO, Coordinateur de BLESSED AID indique que, « la plus grande recommandation de cette activité est de créer les clubs d’écoute et suivi des discours de haine dans les universités. Nous voulons également que les étudiants capitalisent ce message dans leurs familles, aux seins de leurs universités parce que ce sont eux qui utilisent ces genres de discours de haine aux réseaux sociaux. »
Les instruments juridiques
Difficile à définir, les discours de haine selon les Nations Unies sont considérés comme « tout type de communication ; expression orale ou écrite ou le comportement constituant une atteinte, ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité. En d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité de la race de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres constitutifs de l’identité ».
Souvent les discours de haine sont à la fois le résultat de l’intolérance et de la haine et peuvent être, dans certains cas dénigrants et source de divisions. Lorsqu’on dit par exemple : « tous les Tutsi sont criminels, tous les Hutu sont génocidaires, tous les Shi sont voleurs, tous les Nande sont tribalistes, tous les Hunde sont Maï-Maï… ». Tous ces discours ne sont pas protégés par le droit international et ils sont interdits par plusieurs états dont la RDC.
C’est ainsi plusieurs textes internationaux par exemple condamnent et interdisent les discours de haine , il s’agit par exemple de l’Art 20 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques ( PIDCP) qui stipule que : « toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi ; mais aussi tout appel à la haine nationale , raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination , à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi ».
Faire face aux discours de haine ne consiste pas à limiter ou interdire la liberté d’expression, mais de l’empêcher qu’ils n’en viennent prendre des proportions plus dangereuses. Dans ce sens, les étudiants se sont vraiment engagés à ne plus participer de prêt ou de loin à la circulation des discours de haine tout en demandant surtout aux autorités judiciaires de punir de tous les acteurs des discours de haine au pays.
Pour rappel, cette activité a été appuyée par Global Actions Angainst Mass Atrocities Crimes ( GAAMAC) , qui est un réseau international d’organisations de lutte contre les discours de haine et prévention des crimes des atrocités de masse.
Mariam Kayuya