L’Hôpital Militaire du Camp Katindo fonctionne sans le service de nutrition ; même si les cas de l’insécurité alimentaire soient documentés ; les victimes ne sont pas prises en charge. Par manque de ce service, les familles militaires sont sous-informées des causes et conséquences de l’insécurité alimentaire sur les femmes enceinte et les enfants.
Vingt (20) cas des enfants malnutris ont été répertoriés en septembre 2022 à l’Hôpital Militaire du Camp Katindo, situé en Commune de Karisimbi dans le Quartier Kasika à Goma, Chef-lieu de la Province du Nord-Kivu se trouvant à l’Est de la République Démocratique du Congo.
Toutes ces victimes sont des enfants dont l’âge varie entre cinq et sept ans, voire des nourrissons ayant encore 1000 jours d’existence (de la conception à deux ans), qui se trouvent en situation d’insécurité alimentaire très criante, explique, MUKWABO KOBO Pie Léon, Diététicien nutritionniste, mais Chef de Service de Pédiatrie à l’Hôpital Militaire du Camp Katindo. Pour lui, ce qui aggrave les problèmes d’insécurité sanitaire dans cette formation sanitaire (FOSA), c’est sa vision politique qui a comme mission principale de soigner gratuitement les militaires de la 34ème Région Militaire et leurs familles, ainsi que les blessés de guerre qui sont des malades (militaires et leurs familles), économiquement sans moyens.
Eugénie Saveline, femme d’un militaire de fronts et mère de sept enfants explique pourquoi ses enfants sont en état d’une malnutrition chronique ou prolongée , faute d’une prise en charge sérieuse. « Je suis mariée à un militaire de fronts, le peu de moyens que nous recevons une partie appartient à mon mari pour sa survie dans la brousse, le peu qu’il nous envoie nous payons le loyer de cette maisonnette en bâche d’une chambrette et d’un petit salon où je reste avec tous mes 7 enfants ».
« Plus on a les moyens d’existence, plus on a la possibilité de résister aux problèmes de l’insécurité alimentaire », explique Ernest Mushekuru, spécialiste en sécurité alimentaire, le premier jour de la formation des journalistes sur cette thématique, Co-organisée par l’Unicef et Kivu Entrepreneur, sous la modération à distance de Monsieur Thomas Kubuya, consultant.
L’insécurité alimentaire au camp militaire Katindo
Dans le cadre du camp militaire Katindo, l’insalubrité, la sous-alimentation, voire la conservation des aliments sont à la base de la morbidité chronique des enfants dans les ménages dans ce camp, raconte tristement Eugénie, la femme d’un militaire de fronts qui vit dans une maisonnette avec 7 enfants sans fenêtre ni aération. Ces élément liées aux aliments insalubres dit-elle accentuent les maladies et les cas de la malnutrition touchant souvent les nourrissons, les enfants de moins de 5 ans dans cet endroit où la proximité n’est plus à démontrer car les maisonnettes en bâches se superposent les unes contre les autres, parfois sans toilettes.
D’ailleurs Ernest dans son exposé à la formation des journalistes a également donné trois grandes causes de la malnutrition. Il s’agit de: l’apport alimentaire et l’état de santé (causes immédiates) ; la sécurité alimentaire des ménages, les pratiques alimentaires, les soins et les services d’assainissement et de santé (causes sous-jacentes) et l’environnement socio-économique et politique, comme causes fondamentales.
Tous ces facteurs correspondent aux problèmes liés à l’insécurité alimentaire dans le camp militaire Katindo qui affectent aussi la famille de cette femme d’un militaire mal pris en charge par son employeur qu’est le Gouvernement Congolais. D’ailleurs pour scolariser ses enfants, deux seulement vont à l’école, deux autres sont en situation de sous-alimentation, faute de moyens suffisants. Elle-même pratique le commerce ambulatoire des bananes plantains circulant partout dans la ville de Goma ; de cette manière, elle ne pouvait pas allaiter normalement ses enfants ce qui est à la base de leur amaigrissement et retard de croissance.
Il est important de signaler que, les causes précitées ont été conceptualisées dans un cadre, qui a été publié par l’Unicef en 1990 et révisé en 2013.
L’insécurité alimentaire un problème généralisé à Goma
Dans le cadre de la ville de Goma, l’impact de la guerre des FARDC contre le M23 a un impact sur la disponibilité et l’accès de la nourriture dans les ménages des plus démunis comme dans la famille de cette femme d’un militaire. Depuis l’occupation du territoire de Rutshuru par la rébellion du M23 le 20 décembre 2022, les produits alimentaires se sont raréfiés, le prix a triplé sur le marché, se lamente Yvette Basila, une autre femme d’un militaire.
Toujours selon Ernest Mushekuru, il existe quatre dimensions (piliers) de la sécurité alimentaire. Les deux qui correspondent aux problèmes de l’insécurité alimentaire dans le Camp Militaire Katindo sont entre autres :
La disponibilité alimentaire: comme la guerre a bloqué certains axes de provenance des produits alimentaires, la nourriture devient nécessairement rare dans les ménages. Car la production, le commerce, les réserves alimentaires, la présence d’aliments sauvages…affectent la présence physique de nourriture dans les ménages à Goma.
L’accès à la nourriture : suite à la guerre les ménages n’ont plus cette capacité ou potentielle à se procurer de la nourriture. Parce que la production, les stocks domestiques…. sont devenus difficiles, si pas impossibles. Cependant, toutes ces dimensions interagissent de manière séquentielle et systémique, pour dire elles se complètent les unes pour les autres.
Pour lutter contre ces cas d’insécurité alimentaire et de la malnutrition au Camp Militaire, la prise en charge totale et l’amélioration des conditions de vie des militaires doivent interpeller, non seulement les autorités officielles à tous les niveaux mais aussi tous les partenaires du gouvernement, sinon la situation sera plus pire qu’aujourd’hui.
Cosmas Mungazi