Le tribalisme, motif de mon indignation !

Le tribalisme, motif de mon indignation !

La R.D.Congo est une sommation, une mosaïque des tribus, plus de 450. Par définition la tribu est par ailleurs appelée la « nation » ayant des valeurs comme la langue, l’art, la culture. Curieusement elle véhicule des antivaleurs, parmi lesquels, le tribalisme. Le tribalisme mine et fragilise la cohésion nationale, détruit la base sur laquelle peut se bâtir toute une nation. Nous vivons certaines réalités qui nous ont parfois révoltées car certaines décisions politiques surtout favorisent le tribalisme, surtout au Nord-Kivu.

Dans les années 1960, les pères de l’indépendance avaient mobilisé les congolais autour de thème de l’intégrité territoriale, comme moteur de cohésion nationale et de l’indépendance du pays. Pendant cette période, nul n’était nommé responsable d’une entité administrative dans sa propre province. Cette pratique a permis de renforcer la cohésion nationale en maitrisant les quatre langues nationales. Le sentiment d’être Zaïrois s’est bien développé et implanté dans les esprits des gens. Aujourd’hui, le pays est miné par les obstacles qui sont de nature à freiner la cohésion nationale. Il s’agit entre autres de l’ethnicisation, de l’usage des stéréotypes ethniques dévalorisants, de l’absence de la justice distributive et de l’insuffisance d’une éducation à la citoyenneté.
Certaines gens disent, « Notre ethnie n’est pas représentée au Gouvernement, elle n’a pas de mandataires dans les entreprises publiques, n’a pas de députés ni sénateurs ».

Tel est le type des propos qui est souvent repris par la radio, la télévision, et que nous lisons dans la presse ou dans les memoranda adressés à la hiérarchie politique, par les originaires de telle ou telle autre ethnie, en guise de revendications légitimes. Dans ces propos se cache une vision ethnodémocratique (tribocratie) ; en développant un discours ethniciste et ethnicisant, considérant l’ethnie comme une identité unique et exclusive qu’il faut mettre en avant dans le contrôle ou la conquête du pouvoir. Les ethnodémocrates démontrent et cherchent à convaincre que la sécurité et la survie des originaires de leur ethnie ne peuvent être assurées que quand elle contrôle le pouvoir. Pour les ethnodémocrates, l’ethnie est le rocher sur lequel sont bâties toutes les églises et chapelles.

« La Tribu d’abord »

Selon les ethnodémocrates, la démocratie est bien sûr le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, mais ce peuple doit être le leur, c’est-à-dire soit leur province, leur district, leur territoire, leur tribu ou ethnie, pourquoi pas leur clan ou famille. Ainsi la démocratie prend pour eux la compréhension suivante : « le pouvoir de mon ethnie par mon ethnie et pour mon ethnie ». La force des ethnodémocrates dépend de nombre de « frères » placés, engagés, promus, etc. La démocratie des ethnies (ethnodémocratie) n’est pas une démocratie des partis politiques, mais des ethnies.

Dans les universités, lieu de transmission des savoirs, les fruits du tribalisme commencent à diviser non seulement les professeurs entre eux mais aussi les étudiants, victimes des intoxications et de la discrimination. Les milieux universitaires, qui devraient exceller dans l’objectivité, sont devenus aujourd’hui un espace de production, de reproduction et d’apprentissage des thèses tribocratiques.

Après avoir constaté l’échec de la place de la tribu dans la gestion d’un état moderne, je ne propose que « la nouvelle tribu », idée, domaine, profession… soit comme espace de décollage pour le développement de notre pays.

Cosmas Mungazi