Pour empêcher la progression de mouvement rebelle vers le siège des institutions provinciales, l’Armée Loyaliste et ses différents partenaires se concentrent dans les zones périphériques de Goma, au sud du territoire de Nyiragongo. Depuis cet avènement de la guerre dans ce coin, presque chaque jour, les services sécuritaires ne cessent de présenter des présumés bandits armés qui seraient des infiltrés du M23 qui viendraient saboter les efforts sécuritaires consentis par le Gouvernement Congolais et ses partenaires par des actes de représailles dans le chef de la population civile.
Le Territoire de Nyiragongo est périphérique au nord de Goma, limité au sud-est par le Rwanda, un peu plus au nord se trouvent plusieurs fronts du M23 où il occupe quelques localités (Kibumba-Rumangabo, Rubare, Rutshuru, Kiwanja…).
Pour la société civile du territoire, « la concentration des militaires est la cause principale de l’augmentation des cas d’insécurité commis actuellement dans ce territoire. Car il ne passe pas un jour sans qu’un ou deux cas de tueries soient reportés », regrette Mambo Kawaya, invité à l’émission débat public organisée par La Benevolencija dans laquelle les acteurs sociaux de ce coin ont évalué la mise œuvre du « Plan d’Action Sécuritaire » dans ce territoire.
Selon la société civile, la proximité du M23, la concentration des militaires, la multiplicité des centres de commandements, la présence d’une démographie galopante (les déplacés de guerre) mettent en mal la mise en œuvre du « Plan d’action Sécuritaire » dans ce Territoire, la porte d’entrée de Goma lorsqu’on vient de la partie Nord de la Province.
Malgré cela, dans cette émission débat public de La Benevolencija du 23 avril 2023, les autorités policières, la société civile, les structures des jeunes et les autres structures communautaires sont passées au peigne fin des défis qui pèsent sur la mise en œuvre du Plan d’action Sécuritaire dans leur entité.
Ce qui marchait déjà dans le cadre de PAS
Présent à l’émission débat, le Bourgmestre de la Commune Rurale de Kirumba se trouvant dans le Nyiragongo parle de la tenue régulière du conseil communal de sécurité qui se fait chaque jour pour évaluer la situation sécuritaire de cette entité.
Cette rencontre est un baromètre de la sécurité lorsqu’elle est devenue planifiée, hebdomadaire avec des indicateurs observables et réunissant, non seulement les services sécuritaires, mais aussi les cellules locales de sécurité ; de cette manière, la sécurité devient de plus en plus une affaire de tous dans la gestion de cette entité.
Grâce à l’appui technique de VNG-International et CORDAID, deux Organisations Internationales de Droit Hollandais, indique Michel Magenda, point focal du Programme ESPER, entendu ; « Ensemble pour la Paix et la Sécurité à l’Est de la République démocratique du Congo».
Plusieurs autres actions se font pour renforcer l’administration sécuritaire, mais perturbées par la guerre du M23. Il s’agit par exemple : des consultations populaires, des sensibilisations de masses, de grandes réunions de sécurité, des entretiens privés avec les structures communautaires, etc.
Tous ces efforts sont mis en mal par la présence massive des hommes armés ; car certains policiers allument le feu comme ils veulent. Le Conseil Provincial de Sécurité d’ailleurs a décidé de réunir tous les soldats et policiers pour un encadrement spécial. « Nous avons également interdit que tous les policiers et soldats puissent se promener dans les rues avec leurs armes.», explique l’Administrateur Policier du Territoire de Nyiragongo, Colonel Malosa Mboma, invité de l’émission débat public de La Benevolencija.
Les forces concentrées dans le Nyiragongo
Dans la partie sud du territoire de Nyiragongo, plusieurs forces armées y sont concentrées. On peut observer à part les forces loyalistes, une force d’autodéfense communément appelée « les WAZALENDO », les éléments de la Force Régionale. « Même certaines personnes reconnues comme bandits armés dans certains quartiers sont devenus membres d’autodéfense. Ces derniers avec leurs amis qui ont fui les territoires conquis par le M23 se sont réfugiés à Goma avec une base arrière le Nyiragongo, ce qui est à la base de l’augmentation des cas d’insécurité à Goma et ses environs », raconte tristement un invité à cette émission débat public de La Benevolencija.
Pour Michel Magenda expert du Programme ESPER, pendant l’élaboration du Plan d’Action Sécuritaire, le Territoire de Nyiragongo avaient des problèmes prioritaires suivants : « les conflits des pouvoirs coutumiers, les conflits fonciers, les violences basés sur les genres, le manque d’eau potable, les tracasseries militaires, policières et administratives et le kidnapping ». Mais la proximité du M23, la concentration militaire, la démographie galopante et incontrôlée et le phénomène 40 voleurs viennent alourdir le nombre des problèmes sécuritaires observés dans le Nyiragongo.
Malgré ces problèmes, plusieurs autres ont trouvés solutions, il s’agit par exemple : le problème d’eau potable, avec la présence des tuyaux et des bornes fontaines, le problème du courant a été résolue avec l’implantation des poteaux de Virunga Sarl qu’on appelle communément courant d’Emmanuel d’Émeraude. L’installation aussi du chef coutumier légalement établi à la chefferie de Bukumu a été une solution efficace au problème d’insécurité liée aux conflits coutumiers dans le territoire de Nyiragongo. Le plus grand problème qui persiste jusqu’en maintenant, c’est le banditisme armé suite à l’approchement du M23 où certains inciviques se permettent de ravir aux policiers leurs armes sous prétexte d’aller combattre ce mouvement rebelle.
Des difficultés de la mise en œuvre du PAS
Depuis octobre 2022 à nos jours (23 avril 2023, jour de la rédaction de cet article), le M23 occupe certains villages de ce Territoire. Il est d’ailleurs signalé à une vingtaine des kilomètres au nord de Goma à (Kibumba).
Pour la mise en œuvre du Plan d’Action Sécuritaire, « la plus grande difficulté que nous éprouvons c’est la division du territoire en deux parties. Car nous avons du mal à contrôler ceux qui sont restés sous contrôle du M23 », s’indigne le Colonel Malosa Mboma, l’Administrateur Policier du Territoire.
Vu l’insécurité qui émerge de ce côté-là, ajoute-t-il, pousse la population civile à venir remplir les camps de déplacés où ils vivent dans des conditions inhumaines, regrette l’Administrateur. Dans la mise en œuvre du PAS, la collaboration entre les autorités et la population civile est très bonne, malheureusement, « un déplacé n’a besoin que de la survie », conclut-il.
Encore que, selon une participante, certains déplacés ne sont pas venus des zones conquises (RUTCHURU, KIBUMBA, Masisi, Rugari), mais des infiltrés venus des pays voisins, ce qui ne permet pas d’avoir un nombre exact des déplacés. Un recensement des déplacés est prévu dans les camps des déplacés dans les jours à venir promet heureusement l’Administrateur du Territoire.
D’autres recommandations importantes
L’insécurité dans le Nyiragongo a fait un bilan de cinq (5) jeunes tués sans pitié par des bandits armés qui viennent de nulle part dans une période d’un mois en présence des autorités gouvernementales suite au manque d’encadrement des soldats loyalistes qui se cherchent de la survie à tout prix.
La société civile demande non seulement le contrôle, mais aussi l’encadrement des hommes en armes commis aux personnalités militaires dont leurs proches sont souvent cités par des familles des victimes après leurs actes de vandalisme.
Pour MAMBO KAMAYA, Président de la Société Civile du Territoire de Nyiragongo de rappeler aux organisations partenaires, VNG-International et CORDAID de continuer à soutenir la poursuite de leurs séances de sensibilisation dans les différentes couches des populations. Car pour renforcer la collaboration dans la mise en œuvre du PAS dans ce territoire, la Société Civile avait initié une action sécuritaire dénommée ; « PAMOJA INAWEZEKANA », qui signifie en Français (« tout est possible lorsqu’on est unie », Ndlr), qui avait d’ailleurs porté des fruits en touchant le monde étatique et non étatique avant le M23.
Comme la participation de la population est d’une importance capitale dans la réussite de la mise en œuvre du PAS dans la recherche de la paix et la sécurité, KAVIRA KASEKA julienne 1ère Vice-Présidente de la Coordination de la Société Civile du Territoire de Nyiragongo recommande au Gouvernement Congolais avec ses partenaires VNG-International et CORDAID d’appuyer les structures communautaires pour des bases communautaires dans la sensibilisation afin que les gens puissent s’approprier d’avantage le PAS en se mettant en réseau et en renforçant les actions de plaidoyer comme l’ouverture des barrières, les tracasseries militaires, policières et administratives dans leurs entités respectives.
Mariam Kayuya, Stagiaire, UCS