Goma/Nord-Kivu : Des journalistes formés s’engagent pour relayer les acquis de la Justice Transitionnelle !

Goma/Nord-Kivu : Des journalistes formés s’engagent pour relayer les acquis de la Justice Transitionnelle !

A l’issue d’un atelier de formation de deux jours, une trentaine des journalistes venus de la ville de Goma, du territoire de Masisi, des villes de Butembo et Beni, de tous médias confondus, (radio, télévision, journal et presse électronique) ont appris les notions basiques sur la Justice Transitionnelle, JT, en sigle.

Vue l’importance de la matière et du rôle que joue tout journaliste dans une zone poste-conflits, ces journalistes ont mis en place une structure qui leur permettra de faire le suivi de leurs activités, afin d’assoir cette nouvelle chronique (la JT) dans leurs rédactions respectives.

Pour le premier jour, les hommes des médias ont appris les  définitions notionnelles, les origines, les objectifs, les mécanismes, voire  les piliers de la Justice Transitionnelle.

Selon Gentil Kasongo, le facilitateur principal, la Justice Transitionnelle peut avoir plusieurs significations, celle qui rencontre plusieurs doctrinaires est que la JT c’est une justice de transition ou une justice en transition, qui se fait souvent lorsqu’un pays quitte d’une situation de guerre pour une situation de paix ou d’une dictature pour une gestion démocratique. Cette justice est  basée sur les droits des victimes. Tout simplement pour le cas de notre pays, la RDC,  la Justice Transitionnelle est un cas atypique (irrégulière) car elle se fait pendant que les  crimes (les conflits)  sont en train de se commettre, donc le pays est encore en conflit presque infini.

Les journalistes ont été ainsi invités comme participants dans cet atelier dans le but de relayer les acquis de cette formation, comme guides et leaders d’opinions qui peuvent être suivis par plus d’une personne dans leurs sociétés respectives.

Ce que les gens doivent savoir de la Justice Transitionnelle

La Justice Transitionnelle, encore moins connue par les participants comme par plusieurs personnes au pays. Dans les apprentissages, on pourra identifier huit grands objectifs de la Justice Transitionnelle qui vise à :

  • établir la vérité,
  • offrir une tribune aux victimes,
  • faire apparaître la responsabilité des auteurs des violations,
  • renforcer l’état de droit,
  • apporter des compensations aux victimes,
  • réaliser des réformes institutionnelles,
  • promouvoir la réconciliation,
  • et promouvoir le débat public.

Les stratégies de la Justice Traditionnelle

Pour être efficaces, les mesures de justice transitionnelle doivent faire partie d’une approche holistique, indique Gentil Kasongo. Il y a cinq grandes stratégies ou piliers  de justice transitionnelle, précise-t-il, dont il s’agit notamment :

1) Poursuites pénales (la justice)

L’enquête et la poursuite des crimes internationaux graves, tels que le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre contribuent à renforcer la primauté du droit en sanctionnant pénalement ceux qui violent les lois et démontrent que le crime ne sera pas toléré, et que les auteurs seront tenus responsables de leurs actes.

2) Réparations

Les réparations visent à procurer des compensations aux victimes de violations des droits de l’homme ou à leurs ayants droit, de manière à corriger au moins en partie le mal qui leur a été fait, à les aider à surmonter les conséquences des violations subies et à leur permettre de se reconstruire.

Les réparations peuvent inclure des paiements d’argent, des avantages sociaux comme l’accès gratuit aux soins ou à l’éducation et des compensations symboliques comme des excuses publiques d’une personnalité influente.

3) Recherche de la vérité

La recherche de la vérité englobe toutes les initiatives qui permettent de faire des recherches pour documenter les crimes et violations des Droits de l’homme et les torts faits aux victimes. Ces processus permettent d’examiner les faits et de les accepter afin d’éviter toute répétition des mêmes faits.

4) Mémoire et mémoriaux

Les mémoriaux sont destinés à préserver et entretenir la mémoire de personnes ou d’événements au moyen de cérémonies, monuments, musées et autres commémorations. Dans le cadre de la justice transitionnelle, ils permettent d’honorer ceux qui sont morts pendant des conflits ou d’autres atrocités, à examiner le passé, à traiter les questions du présent et à témoigner du respect aux victimes. Ils peuvent aider à enregistrer certains événements pour prévenir toute attitude de déni et faciliter l’apaisement par rapport au passé.

5) Réforme institutionnelle

Dans des régimes dictatoriaux, des institutions publiques telles que la police, l’armée ou les tribunaux sont souvent impliquées plus ou moins gravement dans la répression et dans les violations des droits de l’homme.

Quand les sociétés connaissent une transition vers un système démocratique, ces institutions doivent être réformées afin de prévenir toute répétition des mêmes faits. Les réformes à faire incluent le processus de restructuration de ces institutions afin qu’elles respectent les droits de l’homme et l’état de droit, mais aussi des mesures telles que l’épuration, la lustration et le désarmement, démobilisation et réintégration ou DDR.

Difficultés pratiques de la Justice Transitionnelle  

Depuis son apparition, la justice transitionnelle a rencontré de nombreux défis, tels que d’identifier les victimes, de décider de punir ou non les acteurs de niveau intermédiaire, d’éviter de tomber dans une « justice des vainqueurs », de trouver les ressources nécessaires pour les compensations, les procès et les réformes institutionnelles. Il arrive aussi que la période de transition n’aboutisse qu’à une paix ou à une démocratie fragile. Dans une transition, le dilemme des nouveaux gouvernants est de clarifier les responsabilités pour les crimes passés sans faire courir de risques à la transition démocratique.

Pour rappel, cet atelier de formation sur la justice transitionnelle pour les journalistes a été co-organisé par Africa Reconciled, représenté par Florentin BIENDA, chargé de l’administration en partenariat avec Impunity Watch représenté par Gentil Kasongo, son chargé de planification.  

Cosmas Mungazi

 

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