Etat de Siège : les journalistes face à la liberté de la presse !

Etat de Siège : les journalistes face à la liberté de la presse !

Les journalistes des médias confondus  travaillant à Goma, Chef-lieu de la Province du Nord-Kivu ont discuté sur les pratiques effectuées  dans leur métier  à l’occasion de la Journée Internationale de la Presse, célébrée chaque le 03 mai.  Une centaine des  journalistes professionnels,  des stagiaires étudiants  et autres personnalités ont répondu à l’appel  de Rosalie Zawadi, présidente de l’UNPC/Section du Nord-Kivu qui a voulu que la célébration de  cette journée  se fasse en dehors  de  son milieu naturel, pour une des salles de Pole Institut.

 Cette année la journée internationale de la presse  s’est célébrée sous le thème : « le journalisme sous l’emprise du numérique ».

A cette occasion, plusieurs discours ont été prononcés par différentes personnalités conviées à cette cérémonie. Pour le porte-parole de l’assemblée provinciale, bien qu’en congé Kaurwa Bazungu a loué le travail des journalistes de Goma ce qui lui a poussé de plaider pour leur cause auprès des autorités militaires qui gèrent actuellement la province. «  Je demande aux autorités de laisser les médias de travailler en toute leur indépendance ».  Pour lui, bien que les journalistes semblent se négliger, ils abattent un travail de qualité. « Je leur prie de continuer dans cet élan », conclut-il  son mot de circonstance.

Présentant l’état de lieu des médias en Province du Nord-Kivu, le Chef de division des médias et communication Eric Kalondero  déclare que « le Nord-Kivu peut comptabiliser plus 180 médias aujourd’hui ». Celui-ci félicite les promoteurs des médias dans l’encadrement de la jeunesse, mais aussi les autorités militaires pour la protection des journalistes surtout pendant cet état de siège. Il demande tout simplement aux autorités à tous les niveaux que l’aspect sécuritaire des journalistes soit une priorité si on veut vivre dans une société éclairée, bien informée et démocratique. Il a également demandé aux journalistes d’être les acteurs de leur propre sécurité.

Présent aussi  à la cérémonie,  le Maire de la ville, le Colonel  Kabeya Makosa insiste sur le rôle que les journalistes doivent jouer pendant ce moment de l’éclosion du numérique. Celui-ci considère curieusement les  journalistes qui diffusent sur les réseaux sociaux comme de mauvais journalistes, appelés en jargon journalistique, « des  moutons noirs ».

L’essentiel de cette journée a été décortiqué dans l’exposé  de l’abbé Gabriel Hangi qui a brossé littéralement tous les contours du métier des journalistes. Le prélat catholique a expliqué à son public par exemple que, «  le journalisme est un métier noble et anoblie, un métier qui peut sauver, mais aussi peut tuer. » D’où selon lui,  la prudence est exigible pour ne pas tomber dans le piège du malin  et ne pas s’exposer au martyre. Ce philosophe de formation a décrié dans son speech le fait que le journalisme est buté à la multiplication des slogans. Mais aussi  bon nombre des journalistes aiment la vitesse liée à la légèreté au lieu de préférer la lenteur, (slow journalism)  qui est liée à la profondeur  pour éclairer  sur certaines questions.

Trois péchés des journalistes  selon l’abbé

Dans son discours monsieur l’abbé a présenté trois péchés presque mortels du métier des journalistes. Premièrement c’est la désinformation qui va à l’encontre de  dire la vérité, et pourtant premier principe du  métier de journalisme. Deuxièmement, la diffamation qui porte attente à l’honneur d’une personne et la calomnie  qui crache sur l’honnêteté du journaliste. Les trois péchés sont complémentaires et constituent les abus d’un même fait qu’est le journalisme.

 Le journalisme n’est pas un fait isolé

Bien que pratiqué à Goma ou en RDCongo, le journalisme a une compréhension mondiale.  Cette vision mondiale du journalisme selon l’abbé s’articule sur trois dimensions  qui sont entre autres :

  • La dimension normative : Pour tout simplement dire le journalisme obéit à trois sortes des règles : «  règles de la société ou morales, règles du métier ou la déontologie et les règles de droit qui réglementent le secteur.
  • La dimension de l’investigation du monde : c’est la tentative de vouloir comprendre le monde ; les techniques de recherche doivent être maitrisées par le journaliste pour prétendre bien informer son public.
  • Et la dimension personnelle : c’est la conscience personnelle à tous les  journalistes  à appliquer les principes de leur déontologie qui malheureusement l’application n’est pas  coercitive, qui dépend d’un journaliste à l’autre.

S’adapter à l’ère du numérique

Pour l’envoyée du gouverneur militaire, Me. Prisca Kamala réagissant au thème retenu pour cette journée : «  le journalisme sous l’emprise du numérique », elle appelle les journalistes comme ceux qui les suivent à s’adapter aux technologies de l’information et de la communication, « TIC ».  Mais interpelle aussi  les professionnels de l’information  au respect des règles de droit, bien que la liberté de la presse, le droit d’informer  sont garantis  dans les textes de droit  dont  la déclaration des droits de l’homme  dans son Art : 11, précisément.

Cette journée a été marquée aussi par la remise d’un diplôme de mérite à Elongo Kanda Kanda qui a réalisé ses 50 ans comme journaliste à temps plein. Ce dernier est actuellement directeur de formation à la RTNC/Station de Goma après avoir brigué tous les postes d’un journaliste dans une rédaction, du reporter au Directeur provincial.

Cosmas Mungazi

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